Alexandre Cingria et l’église Saint-Paul

Alexandre Cingria, le verrier qui participa au décor de l’église Saint-Paul, écrivit un article publié en octobre 1920 dans la revue mensuelle La vie et les arts liturgiques, dirigée par le R.P. Dom Besse [source : gallica.bnf.fr / BnF]. 

Le titre de l’article était : Le réveil de l’art religieux en Suisse Romande. On y relève l’opinion du maître verrier genevois à propos de l’église St-Paul de Genève.

fr. Guy Musy

Un ensemble religieux complexe et moderne

 L'église de Saint-Paul est une oeuvre d'art moderne. Elle a les qualités et les défauts de notre style architectural et décoratif contemporain. Tous les éléments qui la composent sont conçus dans le même esprit que son architecture, et aucun des détails de son ornementation ou de son mobilier ne sont laissés au hasard, ce qui lui donne une tenue très particulière. L'architecte Guyonnet a trouvé dans la personne des sculpteurs Boquet et Reymond et des peintres Marcel Poncet et Brunner des collaborateurs dociles. D'autres, qui l'étaient moins, ont été écartés par l'architecte, et devant l'unité du résultat on se dit que ce fut avec raison. L'abside de Maurice Denis complète si bien cet ensemble qu'on dirait que l'église tout entière a été construite pour lui servir de cadre. Seul, Georges de Traz, en achevant la décoration de l'église par la peinture des bas-côtés, s'écarte, par son indépendance et son sens en quelque sorte plus latin de l'art religieux, de l'esprit qui préside à l'effort général. Il le fait du reste avec une telle maîtrise que personne ne sera tenté de le regretter. C'est, me semble-t-il, pour la première fois, depuis le XVIIIe siècle, qu'on voit sortir de la main de l'homme un ensemble d'architecture et d'art religieux aussi complet et aussi moderne.