Au fil de la messe : Alleluia

Un des trois mots d'origin hébraïques dans la liturgie de la messe

Avec Amen et Hosanna, Alleluia est l’une des trois expressions hébraïques qui daignent visiter notre messe. Comme une vieille tante qui se penche sur le  berceau d’une arrière-petite-nièce pour lui rappeler ses origines. Contrairement à l’Amen, l’Alleluia ne s’installe pas à demeure dans notre messe. Il se contente de pousser son cri de jubilation une seule fois, à l’approche de la proclamation de la « bonne et joyeuse nouvelle » - l’évangile - qui va être lu dès qu’il se sera tu. Une mise en bouche, en quelque sorte.

Une seule fois dans l’année liturgique, l’Alleluia va être entonné à trois reprises, chaque fois avec plus de chaleur et de volume, jusqu’à remplir les voûtes de l’église. Ce sera au cœur de la vigile pascale, avant la proclamation de la bonne nouvelle de la résurrection. Un refrain d’autant plus débridé cette nuit-là que l’assemblée en fut privé pendant de longues semaines de carême.

Mais, au fait, que signifie cette acclamation ? En hébreu, le verbe « hâlal », qui signifie louer, devient « halelou » ou « louez » à la forme  impérative plurielle. Il faut lui ajouter le nom du destinataire de cette louange : « Yahvé », représenté par son diminutif « Yah ». Et on obtient notre « Alleluia ».

En français, « Louez le Seigneur ! » ou « LouezDieu ! », puisque, selon la tradition juive, le nom divin « Yahvé », révélé à Moïse, est imprononçable.

L’évangile de Matthieu (26,30) nous rappelle que Jésus et les Douze qui prirent part à son dernier repas chantèrent les psaumes avant de se rendre au jardin des oliviers. Ce ne pouvait être que le Hallel, une sélection de psaumes introduits par Alleluia que la liturgie juive inscrivait au programme de sa Pâque. On louait Dieu pour avoir libéré son peuple de l’esclavage et, sans doute aussi,  pour avoir gardé en vie ceux qui célébraient la mémoire de ce haut fait. En allant vers sa mort, Jésus chantait donc Alleluia et louait Dieu ! Un paradoxe humainement insoutenable. Mais Jésus connaissait le secret de «la joie parfaite » (Jean 16,24). Le poverello d’Assise en fit un jour l’expérience.

Enfin, un souvenir inspiré par le thème d’aujourd’hui. J’ai rencontré un jour une moniale dominicaine qu’on appelait Sœur Alleluia. Et prieure de sa communauté, de surcroît. Vive la joie !

fr. Guy Musy

(photo : Bernard Hallet)

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