Assomption de Marie

La regarder plutôt que la prier !

« De Marie, tu n’en diras jamais assez ! ».

Je me laisse souffler ce dicton – bien catholique – face à la discrétion elle aussi bien connue des évangiles à son endroit. Pour ne pas parler du silence total de Paul et des autres auteurs du Nouveau Testament.

Faut-il s’étonner alors que les apocryphes aient pris le relais, enrichis (?) par les multiples visions, apparitions, révélations privées, remarquables ou contestables. Et je ne dis rien des innombrables traités de théologie ou de spiritualité mariales souvent rédigés par des saints que l’Eglise conserve dans ses archives.  Il lui arrive encore de les consulter.

Même les poètes et les écrivains se sont ajoutés à la longue liste des « amoureux » de Marie. J’en cite deux, pas trop lointains et qui partagent notre univers culturel. Ils ont « inspiré », les homélies que j’ai prononcées ce dernier 15 août.

Et tout d’abord  cet extrait du Journal d’un curé de campagne de Georges Bernanos. Le jeune prêtre malade et déprimé se confie au curé de Torcy, son vieux doyen, qui après l’avoir longuement écouté l’interpelle :

- La Sainte Vierge, est-ce que tu la pries ?

- Par exemple !

- On dit ça… Seulement la pries-tu  comme il faut, la pries-tu bien ?

Elle est notre mère, c’est entendu, elle est la mère du genre humain, la nouvelle Eve. Mais elle est aussi sa fille…

Marie, fille de l’humanité. Depuis des millénaires « dans l’attente obscure, incompréhensible d’une virgo genitrix ».

Oui, mon petit, pour la bien prier, il faut sentir sur soi ce regard… de la tendre compassion, de la surprise douloureuse… de la cadette du genre humain.

Marie notre fille, notre sœur cadette dont l’innocence nous fait rêver et séduit nos désirs inassouvis de pureté et de tendresse. Y pensons-nous quand nous la prions sans trop la regarder ? Face à elle comme si elle était un automate chargé de nous distribuer sur le champ contre deux ou trois Ave tout ce qui répond à nos besoins vrais ou illusoires.

 

Regarder Marie…plutôt que la prier ! Qui l’a mieux dit que le poète Paul Claudel ?

Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer.

Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.

Je n’ai rien à offrir et rien à demander.

Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.

Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela,

Que je suis votre fils et que vous êtes là.

fr. Guy Musy

Dormition de la Vierge Marie, Neuilly-sous-Clermont, chapelle St-Christophe-et-St-Jacques d'Auvillers (Wikimedia Commons)

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