Au fil de la messe : A toi la gloire !

« A toi le gloire ! » Il n’est pas nécessaire d’être calviniste pure laine pour ne pas ignorer, si ce n’est les paroles, du moins l’air de ce fameux cantique que nos frères et sœurs réformés ont l’habitude d’entonner avec force et enthousiasme le jour de Pâques. Est-ce en référence à la doxologie qu’ajoutent certains manuscrits néotestamentaires en finale du « Notre Père » ?

Pendant des siècles les catholiques se sont abstenus de la réciter, fidèles en cela à une meilleure tradition manuscrite. Puis, le vent œcuménique soufflant en tornade dans les années 60, ils proclament désormais, en parfaite harmonie avec leurs frères et sœurs jusque là « séparés » : « Car c’est à Toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles ».

Du même coup, entraînés par le même sentiment de bienveillance universelle, les fidèles francophones de l’Eglise de Rome acceptèrent de tutoyer le « bon Dieu ». Jusque là une impolitesse proche du blasphème, à faire crier au scandale nos arrière-grands-parents fribourgeois ou valaisans.

Je dois avouer mettre une sourdine à cette solennelle, bruyante et redondante proclamation. Non que j’en conteste le sens, mais l’usage qu’on serait tenté d’en faire. Oubliant le Christ, pour nous glorifier nous-mêmes et, avec nous, les presque deux milliards de chrétiens censés marcher au même pas.

L’heure est venue pour les croyants à la retenue, à la modération, à l’humilité. Laissons derrière nous le cortège de la victoire. La gloire du Christ, notre modèle, est celle du Crucifié, humilié par les hommes. Elle n’est reconnue que par Dieu seul.

Avons-nous conscience de ce paradoxe quand nous chantons la doxologie du   « Notre Père » ?

fr. Guy Musy