Au fil de la messe : Agneau de Dieu

Celui qui ôte le péché du monde

Le chant de l’« Agneau de Dieu », trois fois répété au moment de la fraction du pain, est la reprise textuelle d’un verset du « Gloria » : « Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde, prends pitié de nous ». Ce refrain, qui est aussi une supplication, fut introduit à cet endroit de la messe romaine au VIIème siècle.

Une double origine biblique. L’agneau fait référence à la prophétie d’Isaïe relative au serviteur souffrant : « Ce sont nos souffrances qu’il portai et nos douleurs dont il était chargé. Le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à tous. Maltraité, humilié, il n’ouvre pas la bouche, comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette, il n’ouvre pas la bouche (Isaïe 53, 4-7).

Le rite de la fraction du pain renvoie à l’immolation prescrite dans la loi juive de l’agneau qui sera ensuite servi aux convive du repas pascal. En régime chrétien, cet agneau devient symbole du Christ sacrifié lui aussi, mais sur la croix, pour être donné en nourriture à la multitude.

La seconde référence biblique, néotestamentaire celle-là, se trouve en Jean 1, 29. Il est question de Jean-Baptiste qui voyant Jésus venir à lui s’écrie : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».

Si « l’agneau de Dieu » peut enlever le péché du monde, c’est parce qu’il s’en est lui-même chargé. Deux images, celle de l’agneau et celle du serviteur, s’amalgament. En Jésus, se réalise la double figure prophétique de l’agneau et du serviteur.

Mais de quel péché s’agit-il ? Notons que le texte original grec fait usage du singulier : « le » péché du monde, et non pas la somme de toutes nos misérables délinquances personnelles. Dans l’évangile de Jean, cela ne peut avoir qu’un sens : le péché du monde est le refus de donner sa foi à Jésus, ou le refus de la lumière (Jean 16, 8-9). Bref, le choix - volontaire ? - de la nuit et des ténèbres.

Sommes-nous en pleine fiction ? Je ne le pense pas. J’ai parfois l’impression que tout se met en place en moi et autour de moi pour étouffer la voix de l’évangile et reléguer son histoire au grenier des oubliettes et des illusions.

Sur son obscure chemin, le monde aveugle pousse son cri à l’agneau de Dieu : « Ouvre mes yeux, prends pitié de moi, je veux voir ! ». Encore faut-il qu’il le veuille vraiment. Ou préfère-t-il mentir avec le pharisien qui dit : «Je vois » et demeure dans ses ténèbres et son péché (Jean 9,41) ?

fr. Guy Musy

(photo : Bernard Hallet)

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