Au fil de la messe : Cela est juste et bon

Au cours du dialogue qui introduit la « prière eucharistique », l’assemblée répond à l’invitation de participer à cette « action de grâce » par une formule stéréotypée : « Cela est juste et bon ». L’usage profane a vulgarisé cette expression. Le langage liturgique donne parfois naissance à des modes de parler populaires dont on ignore l’origine.

Quoi qu’il en soit, je préfère - par rectitude stylistique et non par nostalgie liturgique - la version latine : « Vere dignum et justum est !». Pourquoi la traduction française a-t-elle escamoté le mot « digne » pour lui préférer le terme « bon », d’une affligeante platitude ?

La dignité laisse entendre le privilège - car c’en est un ! - de louer Dieu pour les biens qu’il nous donne et, en l’occurrence, de faire mémoire de l’offrande de son Fils « pour le salut du monde ». Et pour le nôtre aussi. Mais ce privilège n’a de sens que si Dieu n’est pas une illusion ou une coquille vide.

Ami, prends donc garde à ce que tu crois ou ne crois pas quand tu assistes à la messe ! Si pour toi Dieu n’est qu’un mot périmé, alors  abstiens-toi d’y venir !

Le mot « juste », lui, évoque l’obligation de régler ses comptes, de rendre à chacun ce qui lui est dû. Notre louange, si belle soit-elle, ne saurait suffire pour nous acquitter de nos dettes envers Dieu. « Que rendrais-je au Seigneur pour tout le bien qu’il m’a fait ? », se lamente un psalmiste. Impossible, sans la miséricorde divine,  d’efface notre ardoise.

Je préfère donc comprendre le mot « juste » dans le sens d’ajustement. Notre action de grâce nous ajuste à Celui que nous remercions. Elle fait de nous en quelque sorte des êtres dignes de Lui.

Elle nous ajuste aussi à ce « mystère de la foi » dont il va être question maintenant.

fr. Guy Musy