Au fil de la messe : Et avec votre esprit

Connaissez-vous les messes appelées « messes mon esprit » ? Ce sont celles que le prêtre « récite » en solitaire, face à une assemblée muette. Cela peut se produire au cours des obsèques. Le pauvre célébrant est alors condamné à se donner lui-même la réplique et se souhaiter que le Seigneur soit « avec son esprit ».

 Vous conviendrez qu’il vaudrait mieux que l’assemblée le lui souhaite. Et si possible à haute voix. Ne serait-ce que par politesse. Mais peut-être est-elle gênée de le faire, se demandant ce que peut bien signifier cette expression « avec votre esprit ». Si cela peut vous consoler, sachez que je me le demande encore. Même après cinquante-huit ans de sacerdoce. Qu’en est-il donc de cet « esprit » ?

 Cela ne peut-être l’Esprit-Saint que le prêtre se serait indûment approprié, ni l’esprit opposé à la chair, selon l’adage bien connu : « l’esprit est prompt, mais la chair est faible ». Ce qui en un sens pourrait être acceptable. Le prêtre n’est-il pas comme vous un pécheur qui peine à redresser ses mauvais penchants ?

 J’opte cependant pour un autre sens, plus fondamental. L’esprit  est le souffle de vie insufflé par le créateur dans les narines du premier homme au sixième jour du monde. Autrement dit, c’est la force vitale qui nous met et nous maintient debout, corps et âme, disponibles à servir Dieu à travers le service de nos frères. Quand j’entends ce souhait que vous m’adressez au début de la messe, j’entends aussi votre prière pour ma santé physique, mentale et surtout spirituelle. Et vous me dites aussi que le Seigneur ne m’abandonnera pas, même au jour où cette force de vie ira inéluctablement vers son déclin.

fr. Guy Musy