Au fil de la messe : Haut les cœurs !
Sursum corda ! Haut les cœurs ! Je préfère ce cri au morne et mièvre « Elevons notre cœur ! » proposé par le célébrant au moment où il nous invite à pénétrer au-delà du voile du mystère de la foi. Vous avez sans doute identifié le dialogue qui introduit la préface de la prière eucharistique.
Indubitablement, cet appel a une résonance pascale. Il nous renvoie à un passage de la Lettre de Paul aux Colossiens lu à la messe du jour de Pâques : « Vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez ce qui est en-haut (ou les réalités d’en haut), là où se trouve le Christ…C’est vers le haut que vous devez tendre ! ». Invitation solennelle faite aux baptisés de la veille à se comporter comme le Christ qu’ils ont revêtu et de le rejoindre là où il est, « assis à la droite de Dieu ».
Il va sans dire que les catégories « haut » et « bas » auxquelles Paul fait référence n’ont rien de commun avec l’astrophysique ou la morale courante. Appliqué au Christ, le verbe s’élever signifie ressusciter, changer de vie, passer d‘un monde à l’autre. C’est le but assigné à ceux qui à la messe sont invités à élever leur cœur. Autrement dit, à ressusciter.
Mais le cœur est-il le seul organe à devoir s’élever ? Pourquoi pas la tête ou le cerveau ? L’anatomie biblique a ses préférences. Le cœur, mais aussi les reins, sont le siège des pensées et des sentiments. La Bible ignore la séparation entre corps et âme héritée de nos racines culturelles gréco-latines. Elle nous presse donc de changer nos cœurs, de les « élever », de les tourner vers le haut. Particulièrement à ce moment précis de la messe où notre foi est interpellée par la « présence réelle » du Ressuscité sous les espèces du pain et du vin.
Que l’on me permette de citer en finale un proverbe rwandais bien à propos : Kami ka muntu n’umutima we. Ce qui se traduit : Le petit roi de l’homme, c’est son cœur. Alors… Sursum corda !
fr. Guy Musy
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