Au fil de la messe : Kyriè eleison

La suite de la reflexion sur la liturgie de la messe

Kyriè eleison. Deux mots « latins » rescapés de la messe préconciliaire ?  Vous n’y êtes pas. Ce n’est pas du latin, mais du grec. Vestiges peut-être des premiers siècles de l’Eglise quand le grec était la langue courante de la ville de Rome d’où vient notre messe. Autre hypothèse : une influence ou un apport des litanies ou longues supplications qui scandent les liturgies orientales, par exemple la messegréco-byzantine. 

La messe latine dont le déroulement fut fixé (et, pour des siècles, « gelé ») par le concile de Trente n’a retenu que la réponse de l’assemblée aux multiples invitations du diacre, détaillant les innombrables motifs de supplier le Seigneur (en grec : Kurios). La messe de Vatican II a conservé cet appendice, mais a proposé une « prière universelle » développée, située après l’homélie. Elle donne richesse et sens à l’invocation tronquée du Kyriè eleiso récité ou chanté au début de la messe.

Le verbe grec eleison  est un impératif qui peut se traduire par « Prends pitié !» ou « Viens en aide ! », ou encore. «Porte-nous secours ! ». Un cri bien connu de la Bible, mis sur les lèvres du pauvre, du mendiant, de l’handicapé, du malade, du juste souffrant, ou du marginalisé. C’est la supplication des lépreux, des aveugles, des sourds ou de la cananéenne païenne. Un cri qui interpelle Jésus - le Seigneur - passant sur leur chemin. Bien sûr, ces malheureux attendent de sa part le miracle qui rétablira la situation en leur faveur. Aujourd’hui encore, c’est le sens de l’appel que lui adressent certaines victimes du coronavirus ou d’autres  qui le redoutent.

Ne l’ayant ni voulue ni causée, je doute que le Seigneur puisse magiquement nous libérer de cette pandémie. Il suffit qu’il marche à nos côtés, porte sa croix avec la nôtre, fortifie notre espérance et nous conduise vers une lointaine et mystérieuse résurrection.

C’est ce qu’avaient compris les deux disciples d’Emmaüs, tristes et déprimés, suppliant leur compagnon de route anonyme : « Reste avec nous, maintenant que survient la nuit ».

fr. Guy Musy

(photo : Bernard Hallet)

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