Au fil de la messe : Postcommunion

Oh que je regrette de ne plus entendre l’« Ite missa est » de mon enfance et de ma jeunesse ! Aucune nostalgie, mais désolé tout de même d’avoir vu disparaître la conclusion si riche de sens de notre messe. On a substitué à la formule « la messe est dite », jugée sans doute trop banale et même vulgaire, le pieux souhait « Allez ! dans la paix du Christ », déjà entendu,  répété et partagé au cours de la liturgie.

La formule ancienne, vieille de plusieurs siècles, équivalait à un envoi ou un renvoi. « Missa » est un dérivé du verbe latin « mittere » que l’on peut traduire par envoyer ou congédier. On utilisait cette formule dans les premiers temps de l’Eglise pour congédier les catéchumènes non encore baptisés au terme de la liturgie de la parole. Elle en vint à signifier le renvoi des fidèles après le rite de communion et, finalement, toute la célébration qui avait précédé. C’est dire l’importance de ce dernier geste et des paroles qui l’accompagnaient.

Donc, « La messe est dite », mais la « mission » (autre dérivé du verbe «mittere») commence. Autrement dit, donnez un écho de ce que vous venez de vivre. Portez-le au loin, hors de l’église où la liturgie fut célébrée. Une messe se termine, une autre commence. Ce n’est plus celle du prêtre. C’est la vôtre ; c’est la nôtre. Elle prendra son temps. Même la durée d’une vie.

Nous voilà donc renvoyés à une authentique « postcommunion ». Ce terme désigne ordinairement la prière de conclusion qui précède la bénédiction finale de l’assemblée. Donnons-lui toute son extension. Que notre eucharistie nous fasse vivre au-delà des murs de cette église. Qu’elle soit, comme il nous arrive de le chanter : « Pain de vie pour un monde nouveau ».

Ce trentième billet achève la série de ces flashs sur la messe. Des béquilles qui devraient aider à comprendre son langage. Mais son mystère est bien au-delà des mots et de l’explication qu’on leur donne.

fr. Guy Musy