Au fil de la messe : Pour le salut du monde

Après avoir rendu grâce pour le pain et le vin déposés sur la table des offrandes, l’assemblée réunie pour la messe se propose de prier « pour le salut du monde ».

Voilà qui est bien étrange et même paradoxal, puisque dans le quatrième évangile, Jésus dit explicitement : « Je ne prie pas pour le monde ». Il se limite à prier pour ses disciples qui, comme lui, n’appartiennent pas au monde, même s’ils sont contraints d’y vivre (Jean 17,9-15). Le monde est le royaume du Mauvais. Il court à sa ruine puisque le Christ l’a vaincu. Inutile donc de prier pour son salut. Il suffit d'être patient et attendons sa disparition.

Par chance, les autres évangiles ont une vision du monde plus optimiste et moins apocalyptique. Pour eux, le monde c’est d’abord l’ « Oikouménè » ou la terre habitée. Ou encore, la création toute entière qui « gémit dans les douleurs de l’enfantement » et attend impatiemment « sa libération de l’esclavage et de la corruption » (Romains 8,19-22).

Pour ce monde-là, je veux bien prier. Et ma supplication rejoint les efforts de tant d’hommes et de femmes de notre temps qui luttent pour la sauvegarde de la création. Ma prière aussi pour que les humains se convertissent et cessent de détruire ce merveilleux jardin qui leur a été confié et hors duquel ils ne sauraient vivre.

Mais nous sommes aussi invités à prier pour le salut de « la terre habitée », pour la « multitude » d’humains sans frontières pour qui est versé le sang de la nouvelle alliance. Chaque messe le rappelle. N’en déplaise aux esprits chagrins qui voudraient rétrécir les bienfaits de la rédemption pour ne les réserver qu’à un petit groupe de personnes dûment labellisées.

fr. Guy Musy