Au fil de la messe : Prière eucharistique

La messe: rite de reconnaissance

Le « Sanctus » chanté ou récité, le dos tourné à l’assemblée, le prêtre qui célébrait la messe tridentine ouvrait alors en son milieu le missel d’autel. La page de gauche était illustrée par une représentation du Christ en croix et celle de droite par une enluminure de la lettre T, initiale du « Te igitur » qui introduisait le moment le plus solennel de la messe. Le texte qui suivait était quasi sacré, à l’égal des évangiles « canoniques ». D’où son appellation « Canon de la messe ». Aucun prêtre ne se serait autorisé d’y ajouter ou d’en retrancher le moindre iota.

Pour accentuer le caractère mystérieux de cet écrit, le prêtre le chuchotait à voix basse, souvent tête baissée ou inclinée. Derrière lui, l’assemblée se tenait à genoux et silencieuse. Un coup de sonnette l’avertissait quand elle devait relever la tête et contempler l’hostie consacrée et le calice contenant le « sang du Christ ».

On appelait cette prière adressée au Père « prière eucharistique » ou prière d’action de grâce. En l’occurrence, « prière consécratoire » aurait mieux convenu, tant l’attention était fixée sur le rappel des paroles prononcées par Jésus lors de la dernière Cène. Reprises à la messe, ces paroles étaient censées faire du pain et du vin déposés sur l’autel le corps et le sang du Christ.

Le Canon romain de la messe latine dont les principaux éléments remontent à la fin du IVème siècle mettait précisément en son centre le récit de l’institution de la Cène ou paroles « consécratoires ».

Mais d’autres formules de « prière eucharistique » ont précédé le Canon romain. Nous en conservons des témoins vénérables qui datent des trois premiers siècles de l’Eglise.

Ainsi, la prière eucharistique de saint Hippolyte de Rome vers 215. Il est heureux que la réforme liturgique de  Vatican II ait retenu cette formule dans son choix de prières eucharistiques.

Ces prières anciennes s’enracinent dans le patrimoine des bénédictions juives ou prières d’action de grâce pour les biens reçus du Seigneur. La plus célèbre précédait les repas. Le pain n’était rompu qu’au terme d’une bénédiction. Les évangiles et les Actes rapportent à plusieurs reprises que Jésus et ses disciples ont accompli ce geste rituel.

C’est dans ce cadre général d’« action de grâce » (d’où le mot « eucharistie ») qu’il faut situer le dernier repas que Jésus prit avec les Douze avant d’aller vers sa mort. La nouveauté du rite fut que Jésus précisa que le pain et le vin bénis et partagés par lui re-présentaient par anticipation son sacrifice du lendemain.

C’est encore dans ce contexte de «reconnaissance" que nous vivons aujourd’hui notre messe. Reconnaissance pour tous les biens de la création et, bien sûr aussi, pour la re-création opérée par le sacrifice du Christ que nous commémorons à chaque messe.

La grave tonalité de la prière eucharistique devrait requérir que ceux qui y prennent part se tiennent debout et non écrasés sur leur chaise ou sur leur banc. C’est ainsi qu’on félicite et remercie un bienfaiteur pour ses largesses.

fr. Guy Musy

(photo : Bernard Hallet)

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