Au fil de la messe : Prions ensemble !

Pour clore les préliminaires, car nous ne sommes pas encore entrés dans le vif du sujet, à savoir le partage de la parole et du pain, le célébrant prend la parole et nous invite à prier. Dans l’ancien rite de la messe latine, il se retournait alors vers l’assemblée et lui lançait un vibrant Oremus. Ce qui peut se traduire par « Prions ensemble ». 

On appelait autrefois « collecte » la prière du prêtre qui suivait son Oremus. Cette expression ne signifiait pas que le moment de la quête était arrivé et qu’il fallait dénouer sa bourse. Mais cette oraison  indiquait que le célébrant nouait la gerbe et récoltait  - d’où le mot collecte - dans une formule brève et ciselée toutes les intentions de prière que l’assemblée avait précédemment exprimées. Cette collecte est vraiment le porche d’entrée de l’édifice eucharistique.

Notez bien que la formule Prions ensemble est un impératif pluriel et non singulier. C’est donc l’assemblée avec son président qui est invitée à prier. Cette formulation en « nous » et non en « je » caractérise le style de toute la messe. C’est l’assemblée et non le prêtre seul qui offre « le sacrifice de toute l’église ». Les prières individuelles, comme le confiteor, le lavabo et autres oraisons silencieuses qui insistent sur l’indignité des fidèles ou du célébrant sont des ajouts postérieurs greffés sur ce tronc liturgique aux racines profondes.

On ne le dira jamais assez : la messe n’est pas un acte isolé visant à satisfaire la dévotion privée d’un prêtre particulier. Elle est l’action et la prière d’une communauté. Même si le président a son rôle à jouer, il ne saurait exécuter seul toute la partition. Pas plus qu’un premier violon dans une symphonie.

Pour respecter cette règle, le coronavirus éveille notre ingéniosité. Nous inventons des modalités nouvelles de célébration eucharistique : l’assemblée et son président demeurent virtuellement présents, mais physiquement absents. Un autre mystère !

fr. Guy Musy