Au fil de la messe : Seigneur je ne suis pas digne !

Mais dis-seulement une parole.

Avant de s’avancer pour le défilé de la communion, les membres de l’assemblée réunie pour la messe reçoivent du président de la célébration cette invitation : « Heureux les invités au repas du Seigneur ! »

Autrement dit, quel bonheur de pouvoir « réellement » communier et non plus se contenter de le faire « spirituellement » chez soi ou là où on le voudra. C’est à un repas de noces que nous sommes invités. Celles de l’Agneau, comme le suggère une autre formulation de l’invitation, sans doute plus hermétique, mais conforme à la lettre de l’Ecriture (Apocalypse 19,9).

Mais qui donc est invité à ces noces ? Faut-il avoir reçu un carton spécial à son nom personnel ? Figurer sur une liste de membres légalement reconnus ? Avoir l’âge requis ? Porter la tenue de rigueur ? Notre texte liturgique, pas plus que l’Apocalypse, ne le précise pas. Il abandonne ce scrupule réglementaire à des canonistes pointilleux. Il suffit de s’entendre dire : « Viens te réjouir avec ton maître » (Matthieu 25,21).

Un scrupule légitime toutefois. Suis-je « digne » de cet appel au bonheur ? Et l’invité de reprendre à son compte l’humble excuse du centurion païen qui ne se trouvait pas digne de voir Jésus pénétrer sous son toit (Matthieu 8,8). L’ancien rite de la messe prévoyait alors que le prêtre et fidèles se frappent la poitrine à trois reprises pour insister sur leur indignité. La réforme liturgique a estimé qu’une seule frappe pouvait suffire, mettant davantage en lumière une promesse de guérison plutôt qu’une démonstration culpabilisante.

« Dis seulement un parole et je serai guéri ». Voilà l’essentiel. Se reconnaître malade et demander sa guérison à celui qui, sur le champ, peut nous rendre la santé.

Mais avons-nous assez de foi pour recourir à ce médecin hors du commun ? Ou contentons-nous de défiler par routine vers ce qui était autrefois le banc de communion pour faire comme tout le monde ?  Quitter notre banc pour rejoindre l’allée centrale et retrouver notre place en empruntant une allée latérale ? Mais… sans être guéris !

fr. Guy Musy

(photo : Bernard Hallet)

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