Avec des pincettes…

J’avoue avoir hésité entre Avec des pincettes… ou Retour aux messes basses… pour cette chronique inspirée des dernières mesures cantonales en vigueur dans le canton de Genève à partir du 7 décembre 16h, soit peu avant les premières vêpres de la solennité de l’Immaculée conception de la Vierge Marie.

Voilà que les Conseillers d’État du-dit canton ont annoncé de nouvelles dispositions pour les célébrations religieuses dans le cadre des mesures destinées à lutter contre l’épidémie de COVID 19. Si la jauge de 50 personnes n’est pas modifiée, les quelques changements majeurs, ne concernent pas que l’inscription préalable obligatoire aux célébrations et les mesures concernant la communion.

Plus insidieusement, elles préconisent d’emballer préalablement en sachets individuels le pain ou les hosties avant la consécration afin d’éviter tout contact direct ou par le biais d’objet (même pas avec des pincettes, donc !!) pour respecter scrupuleusement les règles sanitaires… !!! On avait déjà évité la fraction du pain avec le pré-découpage des hosties rondes : on ne peut plus boire à la même coupe… peut-on encore parler de « communion » ? à quoi ? comment ? Si le pain rompu et partagé devait nous rappeler que nous sommes tous membres d’un seul et même corps… c’est fichu ! C’est bien chacun pour soi… et en évitant tout contact avec les autres… Brrr !!

Les chorales amateures ou professionnelles et les chanteurs professionnels étaient déjà interdits. On pouvait jusque-là se contenter d’une ou d’un animateur de chants, d’un chantre, qui s’exécutait seul pour toute l’assemblée. Lui aussi est devenu dangereux. C’est fini ! Idem pour les chants entonnés les officiants… Proscrits… de même que l’utilisation d’instruments à vent, hormis l'orgue… concession dans les tuyaux !

Pauvre Vierge Marie qui, après tout ce qu’on lui doit, n’a même pas eu droit à un cantique aujourd’hui !!! Mais le pire est à venir… Les anges, la nuit de Noël, seront priés, au-dessus du territoire du canton de Genève, de la boucler, de voler en escadrille en respectant les distances de sécurité et de mettre un masque… Alors qu’ils sont chargés cette nuit-là de faire résonner leurs musettes et d’annoncer avec leurs trompettes une grande joie pour tout le peuple… cette année, ils sont priés de se taire. 

Les genevois seront donc privés de l’annonce de la naissance de leur Sauveur et des cantiques de Noël qu’il fait si bon réentendre et entonner chaque année à cette date… alors qu’ils en ont bien besoin en cette fin d’année difficile pour beaucoup… À moins que les conseillers d’État aient décidé que, cette année, c’est le vaccin et lui seul qui sera le Sauveur que le monde attend !

fr. Philippe Jeannin