En cette fête de Notre-Dame du Rosaire, nous prions la Vierge Marie

Aujourd'hui, c'est la fête de Notre-Dame du Rosaire.

Dans notre Ordre, il y a une litanie particulière à la Vierge Marie qui nous est propre. Les frères dominicains ont pris l'habitude, depuis des générations, de prier et de chanter cette litanie, en particulier dans les moments difficiles. Cette litanie a été prescrite sous Humbert de Romans (un frère français, cinquième Maître de l'Ordre des prêcheurs) dans les Actes d'un chapitre général de l'Ordre déjà en 1256.

Nous prions : Sainte Marie, toujours Vierge, fais que nous soyons délivrés de la tristesse actuelle pour nous réjouir d'une joie éternelle.

Dans la dernière édition du Propre de l'Ordre des Frères Prêcheurs après Vatican II, nous trouvons une brève description de cette litanie à la Vierge Marie :

« Voici une litanie en l'honneur de la Sainte Vierge présentée selon une forme utilisée de nos jours dans de nombreuses provinces de notre Ordre. Par leur signification et leur style, ces invocations sont un bon exemple de la piété médiévale, en Orient comme en Occident. [...] Le texte suivant est proposé au libre usage de tous dans l'Ordre. Il peut facilement être adapté en langues vernaculaires. On peut suivre la même forme tout en ayant une grande liberté dans la composition des expressions et l'interprétation des incantations ».

Dans cette vidéo, nos frères Stefan Ansinger et Alexandre Frezzato, qui ont fondé le projet OPChant et créé la chaîne YouTube OPChant, nous présentent une interprétation de cette ancienne prière. Nous vous invitons à prier avec eux et animer vos moments de contemplation par ce chant d'intercessions.

On peut voir ici la transcription de la litanie en latin.

La traduction française de l'ensemble de la litanie, faite expressément pour cet article, peut être téléchargée ici.

Notre traduction anglaise de la litanie est disponible ici.

Une litanie, dans la prière chrétienne, est une forme de prière utilisée dans les offices et les processions qui consiste en un certain nombre d'invocations et de supplications. Le mot « litanie » vient du latin litania et du grec ancien λιτανεία (litaneía), issu à son tour de λιτή (litê), signifiant « supplication ».

La litanie à la Vierge Marie contient de nombreux titres utilisés de manière formelle et informelle pour Marie. Elle est souvent récitée selon la forme d'un chant en alternance : appels des frères-chantres et réponses de la communauté entière.

Pourquoi prions-nous des litanies adressées aux saints, avec la Vierge Marie en premier parmi eux ? Nous ne prions pas les saints comme s'ils étaient des dieux. Il n'y a qu'un seul vrai Dieu, et il est Tout-Puissant. En revanche, nous prions pour que les saints intercèdent pour nous auprès du trône divin. Nous méditons ensuite leur exemple de sainteté et nous essayons de les imiter dans nos propres circonstances concrètes ici-bas. C'est pour nous inspirer sur le chemin de la sainteté que l'Église nous donne l'exemple et le modèle des saints.

L'Ordre dominicain compte parmi ses rangs de nombreux saints et bienheureux : des hommes et des femmes qui ont embrassé l'héritage que saint Dominique a légué à l'Ordre dominicain. Les litanies des saints rappellent les vertus spécifiques dans lesquelles ils excellaient et pour lesquelles ils étaient connus. Par exemple, nous invoquons Sainte Catherine de Sienne comme « modèle d'humilité », Sainte Rose de Lima comme celle « en qui la grâce de Dieu n'a pas été vaine » et Saint Thomas d'Aquin comme « modèle d'obéissance parfaite ». 

Puissent ces litanies nous encourager dans notre propre quête pour rejoindre ces saints hommes et ces saintes femmes dans les demeures que le Seigneur nous a préparées dans les Cieux.

 Les saints ne sont pas des surhommes, et ils ne sont pas nés parfaits. Ils sont comme nous, comme chacun d'entre nous. Ce sont des personnes qui, avant d'atteindre la gloire du ciel, ont vécu une vie normale avec des joies et des peines, des luttes et des espoirs. Qu'est-ce qui a changé leur vie ? Lorsqu'ils ont reconnu l'amour de Dieu, ils l'ont suivi de tout leur cœur sans réserve ni hypocrisie. Ils ont passé leur vie à servir les autres, ils ont enduré la souffrance et l'adversité sans haine et ont répondu au mal par le bien, répandant la joie et la paix. C'est ça la vie d'un saint. 

Pape François

Des catholiques de toutes sortes et de toutes cultures en appellent à la Vierge Marie durant les périodes difficiles.

Dans notre Ordre, il y a une belle image qui montre Marie étendant sa protection aux fils et aux filles de saint Dominique. Elle provient d'un rêve de saint Dominique consigné dans les écrits de la bienheureuse soeur Cécile. Elle est morte au XIIIe siècle et a été béatifiée en 1891. Cécile, avec Diane d'Andalo, furent les premières membres du couvent Sainte-Agnès des moniales dominicaines de Bologne. Toutes deux ont connu saint Dominique personnellement.  

Cette fenêtre du couvent dominicain de Dubrovnik illustre l'histoire qui suit —

Selon la bienheureuse Cécile, alors que saint Dominique priait dans le dortoir de Sainte-Sabine, tard dans la nuit, trois femmes sont entrées. La femme du centre a commencé à asperger d'eau bénite les frères endormis. Elle a expliqué à Dominique que chaque soir, lorsqu'ils invoquaient Marie comme la plus gracieuse des avocates, elle se prosternait devant son Fils, lui demandant de préserver l'Ordre. Les deux femmes qui l'accompagnaient étaient Sainte Cécile et Sainte Catherine d'Alexandrie.

Tandis que Dominique continuait à prier, il vit le Seigneur avec Marie et les religieux de tous les Ordres sauf le sien. Lorsque notre Seigneur lui demanda pourquoi il pleurait, Dominique lui expliqua qu'aucun des membres de son Ordre ne semblaient être au ciel. Le Seigneur a placé sa main sur l'épaule de Marie et a dit : « J'ai confié votre Ordre à ma Mère ». Puis, à la demande de Jésus, Marie a ouvert son manteau et Dominique a vu de nombreux membres de son Ordre sous ce manteau protecteur.

Cécile rapporte que le lendemain matin, Dominique a donné aux frères du chapitre « un long et très beau sermon, les exhortant à l'amour et au respect de la Sainte Vierge Marie ». Il a raconté son expérience, comme il l'a fait plus tard à Cécile et aux autres moniales de San Sisto.
 
Si le symbolisme du fait d'être couvert par le manteau de Marie se retrouve également dans la tradition cistercienne, ce qui est significatif pour notre identité dominicaine est la conviction de la bienheureuse Cécile, à savoir que l'Ordre des Prêcheurs était personnellement protégé par Marie.

 Ô Marie, Siège de la Sagesse, intercède comme notre Mère pour tous les malades et pour ceux qui en prennent soin. Fais que, dans le service du prochain qui souffre et à travers l’expérience même de la souffrance, nous puissions accueillir et faire croître en nous la véritable sagesse du cœur. Amen. 

Pape François, prière conclusive du Message pour la Journée Mondiale du Malade, 11 février 2015