Bien plus qu’une question matérielle !

En reprenant la réponse de Jésus, proposée par Luc dans l’évangile de ce jour : « ...Je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres….Elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre », m’est revenue à l’esprit cette citation de Georges Guynemer*  « lorsque l’on n’a pas tout donné, on a rien donné ! » qui m’a toujours profondément interrogé par sa dimension d’absolu… L’être humain y aspire tout en la combattant. J’y vois là pour nos vies une ascension permanente, telle un chemin de libération… qui résonne comme un écho à cette parole de l’Evangile car il y a bien plus qu’une question matérielle et de niveau de vie.

Comme une racine qui va ou non permettre à la vie de grandir, la dimension du « tout donner » autant chez cet auteur que chez cette « pauvre veuve » nous fait découvrir que « tout donner », c’est donner ce qu’on a pour vivre, autrement dit n’est-ce pas donner ce que l’on a reçu, en un mot la vie…et la reconnaître comme un don ?

Nous sommes là au cœur même d’une question centrale de notre humanité.

Ce n’est pas une vue de l’esprit, ni une utopie, encore moins un artifice du langage, car l’Evangile s’enracine au plus profond de notre pâte humaine. Jésus n’a de cesse de nous rappeler ce chemin qui nous aide à reconnaître que notre vie est d’abord et avant tout l’expression d’un Don qui nous a été fait.

Ce Don est celui de Dieu depuis la Genèse. Il est total, gratuit, inconditionnel. Le reconnaître nous libère des apparences, des illusions d’une maitrise et d’un pouvoir, sur nous-même, sur les autres et sur notre environnement.

Les évènements que notre terre est en train de vivre nous le rappellent cruellement. Ils nous obligent à repenser notre relation à nous-même, aux autres et au monde. N’ayons pas peur de nous poser les vraies questions.

L’Ecriture est un lieu privilégié  pour se laisser saisir et séduire par cette reconnaissance de ce Don si riche et si libérateur.

Alors, qu’allons-nous donner, pour qu’en le donnant, nous reconnaissions la Vie de Celui qui nous l’a donnée ?

fr. Michel Fontaine

*) Aviateur, mort à 23 ans en 1917 lors de la 1^ère Guerre mondiale.