Candiard Veilleur
- Fr. Guy
Le temps passe trop rapidement. Peut-être mon blog ou mon journal a-t-il déjà mentionné la première édition (2016) de cet ouvrage du frère Adrien Candiard, actuellement prieur du couvent dominicain du Caire. Un auteur encore jeune, à l’écoute des problèmes de notre monde. Son livre lui a valu en 2017 le prix des libraires religieux.
Quoi de neuf depuis huit ans pour que ce petit livre soit réédité ? Certainement pas les mauvaises nouvelles de tous ordres qui font le siège de nos écrans, grands et petits. Alors, un frein à la désespérance qui nous envahit ? Si j’en crois la quatrième page de couverture de cette seconde édition, c’est en ce sens que nous devons lire ce livre : « Adrien Candiard nous invite à résister plus que jamais au découragement, aux illusions et à un optimisme béat. À faire preuve de courage et de réalisme. À chercher l’espérance dans le réel, ici et maintenant. Et à trouver des traces de la vie éternelle. »
Ce programme, même s’il me dépasse, je le vois réalisé par quelques voisins et voisines de ce foyer, plus âgés et plus handicapés que je ne le suis. Ils se taisent et agissent. Mon voisin de palier pousse le déambulateur d’un vieillard gravement atteint et construit de petites cages où les oiseaux pourront se réfugier et nicher en hiver… Et moi, incapable de manier le moindre tournevis, comment trouverais-je des traces d’espérance dans les crises d’aujourd’hui ?
Un journaliste qualifie cet écrit de « petit traité d’espérance à lire de toute urgence ». Qu’ai-je donc à faire de mieux si ce n’est de lire ou relire ce petit livre ? « Il ne faut pas donner la chance au malheur », vient de me susurrer Elsa, aide-soignante érythréenne envoyée par Fatima, sa cheffe marocaine, pour appliquer sur mes yeux la seconde goutte de la soirée. Je crois que cette phrase vaut mieux que toutes les élucubrations bibliques et théologiques de notre frère Adrien et de tant d’autres dominicains relatives à l’espérance.
Candiard commence par donner raison à Jérémie, qui condamne la foi béate de ses compatriotes en une intervention de Dieu qui ne supporterait pas voir disparaître sous les coups des Babyloniens le descendant de David, le Temple où l’on dit qu’il habite, et la terre donnée à Abraham. Selon Candiard, l’espérance vise plus haut que ces appuis humains en qui les hommes se fient davantage qu’en Dieu lui-même. L’erreur est de confondre Dieu avec les signes transitoires et abusifs de sa présence, ce que Candiard comme Jérémie appelle « faux espoirs ». La tentation est grande de confondre—du moins en France—l’héritage chrétien, dont l’impact social et religieux diminue de jour en jour, avec Dieu lui-même. DIEU MON SEUL ESPOIR ! Encore une réflexion à creuser.
Au milieu du désastre, Dieu répète : « Je serai avec toi ». Ne nous laissons pas abuser par des optimismes béats. Même au cœur de nos vies éprouvées, l’essentiel est de ne pas se leurrer. Regarder le mal en face et découvrir l’amour qu’il nous cache. « Restent la foi, l’espérance et la charité. Et la plus grande des trois est la charité ». Dieu se nomme amour.
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