« Ce quelque chose de nourrissant qui nous échappe »

Retour au quotidien, pour les disciples. Pour nous aussi, bientôt. Retour au travail et à ses codes, retour aux habitudes. A moins que nous ne sentions la nécessité de changer certaines de nos habitudes….

Car il arrive que comme pour ces pêcheurs de poissons, l’immersion dans la vie active nous laisse sur notre faim. Les fruits que nous espérons tirer de nos labeurs sont cruellement absents, ou trop abstraits, ou encore insuffisamment nourrissants pour véritablement faire du sens. Pourtant les efforts sont là, et même nocturnes. Mais rien n’y fait, nos « filets » restent vides. Et le découragement guette. Et s’il suffisait de changer la direction de nos regards et nos efforts ? semble nous dire l’Evangile. « Jetez vos filets à droite de la barque, et vous trouverez » dit le Seigneur avec une assurance déconcertante. A droite, c’est peut-être en effet de l’autre côté, là où nous n’avions tout simplement pas pensé ; c’est peut-être tout simplement d’une autre manière que d’habitude et sous un jour nouveau après une douloureuse nuit.

Mais inutile de bavarder davantage. « Venez manger », dit Jésus aux disciples, les attendant déjà sur le rivage. Décidément, le Seigneur a souvent un pas d’avance sur nous ! Aurait-il compris depuis longtemps comment puiser ce « quelque chose  de nourrissant qui nous échappe »? Le filet ne s’est même pas déchiré, précise le texte, malgré les cent cinquante-trois poissons pêchés - nombre qui représente apparemment l’universalité. A croire que cette « pêche » réussie est étonnamment souple et s’adapte à tous les contenants... Les disciples se mettent à manger, complétant le repas préparé par leur maître. Un repas canadien, dirait-on chez nous. Et nous ? Quand donc nous attablerons-nous, chacun apportant les fruits de ses nouveaux efforts? Ceux qui se partagent et rassasient durablement…

Sophie Parlatano