Comme lui, « passons au milieu d’eux » et allons sur son chemin…

L'homélie du frère Michel Fontaine pour le 4ème dimanche du Temps Ordinaire

«  Cette parole de l’Ecriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ».

Cette parole de Jésus est claire dans son affirmation. Il ne s’agit pas d’une parole intemporelle. Lorsque Jésus parle, sa parole est acte et elle se réalise. Quelque chose change et de ça nous devons en avoir conscience, quand bien même l’expérience de notre quotidien nous fait parfois douter.

Aujourd’hui, ce n’est plus Jésus qui nous parle, mais le Christ ressuscité présent non seulement dans les sacrements, qui réalise en nous, si nous le voulons, les fruits de son amour mais aussi par son Esprit Saint dont il nous a fait le don.

Laissons-nous disponible à cette Parole…

« Tous lui rendaient témoignage et ils s’étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche ». Les paroles d’Isaïe qui précèdent de quelques versets sont connues : nous les entendons sans les écouter vraiment : La bonne nouvelle aux pauvres, la délivrance des captifs, le retour à la vue des aveugles et la restitution de la liberté aux prisonniers.

Ceci fait partie des grandes espérances pour demain, mais aujourd’hui on ne peut pas encore réaliser tout cela. L’ordre des choses ne peut être trop rapidement modifié… Et pourtant quelque chose de cela se réalise maintenant !

Jésus déclare que ce qu’il dit « s’accomplit aujourd’hui ». C’est-à-dire que les choses changent, parce qu’il est lui-même la Parole vivante qui transfigure et réalise la promesse de l’Ancien Testament.

Alors, plus rien ne va, car comme dans tout changement, il y a un risque, l’ordre des choses est perturbé et l’on remet en question un système où tout avait sa place.

Comment est-ce possible que ce Jésus, ce « fils de Joseph » s’arroge une telle autorité ?

Sa réponse n’est pas celle que les gens de la synagogue attendaient. Il puise sa réponse dans les Livres des Rois et c’est là que la rupture est consommée. Les siens, c’est-à-dire les juifs de la synagogue vont chercher à le tuer (quelle ressemblance avec le martyr d’Etienne dans les Actes 7, 54-60 !).

Mais pourquoi une telle réaction, alors que tout avait si bien commencé ?

Qu’ont de commun et de si particuliers cette veuve de Sérépta et cet officier royal Naaman pour déchaîner une telle haine et un tel désir meurtrier ?

Mais surtout quel est le sens profond de cette Parole qui s’accomplie ?

Jésus est venu accomplir la promesse du Père dans un salut universel, c’es-à-dire pour tous les hommes sans exceptions. Aucun des deux n’appartenait au peuple d’Israël : c’était des païens et ils ont été sauvés par leur foi.

Tout au long de l’histoire des chrétiens, cette question du salut universel dérange et destabilise.

Jésus est venu élargir jusqu’aux extrémités de la terre les promesses de la Bonne Nouvelle. Là est le scandale pour les siens. La mission de la Parole ne s’enferme pas dans un territoire quel qu’il soit. Il n’y a plus de terre sainte, ni de peuple privilégié, il n’y a plus de sacrifices au Temple, il n’y a plus de caste sacerdotale… Jésus vient redonner à chacune et chacun sa dignité de roi, de prophète et de prêtre co-titulaires de lui-même, le seul  Roi, Prêtre et Prophète.

 N’avons-nous pas posé des frontières entre nous, au lieu de développer des espaces d’écoute et de partage qui facilitent la rencontre et la découverte de l’autre ? 

Comment résonne cette Parole aujourd’hui pour nous ? Sommes-nous vraiment sûrs, que nous n’avons pas recréer des espaces autant physiques que spirituels qui nous séparent ? Est-ce que à certains moments nous ne nous sentons pas un peu privilégiés et « meilleurs » que les autres ? N’avons-nous pas posé des frontières entre nous, au lieu de développer des espaces d’écoute et de partage qui facilitent la rencontre et la découverte de l’autre ?

Jésus nous questionne sur tout cela et sait combien nous pouvons nous enfermer facilement, sans parfois s’en rendre compte, dans nos étroitesses. Il nous invite à « passer sur l’autre rive », à passer comme lui « au milieu d’eux » et à aller sur son chemin… Peut-être déjà une allusion au matin de Pâques ! Alors, Nous ne sommes pas seuls et ce dépouillement intérieur qu’il nous propose pour ouvrir notre cœur, il vient l’habiter pour faire de nous des êtres libres et porteurs de joie.

Le peuple des enfants de Dieu est un peuple sans frontière où chacun peut grandir dans son humanité, par l’expérience qu’il peut faire et de Dieu et des autres.

Alors on peut dire qu’aujourd’hui s’accomplit la Bonne Nouvelle !

Un portrait du frère Michel Fontaine par Bernard Hallet

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