Couvent de Genève : « Les travaux et les jours »

Le poète grec Hésiode qui vivait sept siècles avant notre ère avait élaboré pour les paysans de son temps un calendrier agricole énumérant leurs taches quotidiennes selon le rythme des saisons. Il l’avait intitulé : Les travaux et les jours. Une sorte d’almanach poétique, bien antérieur au célèbre « Messager Boiteux » répandu dans nos régions.

On peut esquisser aussi « les travaux et les jours » d’une communauté dominicaine, mais en se gardant bien d’en prévoir la régularité et en étant réceptif à toute surprise et nouveauté. Le chroniqueur d’aujourd’hui s’est essayé à cet exercice. A ses risques et périls.

Catalogue modifié

Au début de cette année pastorale deux changements importants  modifient la configuration de notre communauté.

Le frère Philippe de Roten est désormais assigné au couvent St-Hyacinthe de Fribourg, tout en gardant son bureau de travail et maintenant son domicile à La Pelouse sur Bex, aux confins des cantons de Vaud et du Valais. Il continue d’assumer la direction du « Centre Romand de Pastorale Liturgique ».

Le frère Erik est venu combler ce vide. Fils de la Province de Pologne, mais citoyen américain, il nous arrive du couvent St-Hyacinthe de Fribourg non seulement pour renforcer nos effectifs, mais pour poursuivre la rédaction d’une thèse consacrée à une éminente figure conciliaire, le cardinal  Augustin Bea.

La délégation de l’Ordre auprès des organismes onusiens en stand- by

Le covid 19 a perturbé le séjour à Genève du responsable de cette délégation. Le frère Mike Deeb, qui termine son mandat, a regagné Rome sans pouvoir prendre part à l’actuelle session du « Conseil des Droits de l’Homme ». Il espère toutefois être parmi nous dans la deuxième quinzaine d’octobre pour initier son successeur, le frère Aniedi, fils de la Province du Nigéria, résidant aux USA.  Mais là encore, rien n’est certain. Covid oblige !

Par ailleurs, le frère Luc-Thomas Somme, du couvent de Marseille, qui ordinairement prend part à ces sessions onusiennes, a dû y renoncer pour les mêmes raisons sanitaires. Les résidants de la région Provence – Côte d’Azur sont soumis à une quarantaine dès leur entrée sur le territoire helvétique.

Santé

Par chance, la pandémie nous a épargné. Mais d’autres perturbations n’ont pas été sans incidences sur certains d’entre nous. Le frère Michel a dû accompagner à Paris sa vieille mère hospitalisée, le frère André a passé quasi quatre semaines à l’Hôpital Gériatrique avant de regagner son logis au Foyer-EMS Saint-Paul et le frère Guy se rétablit après une intervention chirurgicale fin août dernier.

Dans l’église et sur son parvis

Les frères n’ont pas baissé les bras, même si le Covid impose des limites à la fréquentation des messes paroissiales. Il sera bon d’analyser un jour de très près les causes de cette désaffection et d’en tirer les conséquences. Notre église demeure ouverte cependant et ne manque pas de célébrations. Un exemple suffira.

Voici l’horaire du week-end du 19 – 20 septembre. Le samedi : deux messes paroissiales le matin et le soir, un baptême à midi, deux messes l’après-midi en mémoire de défunts dont les funérailles furent célébrées dans l’intimité. Le dimanche, deux messes paroissiales le matin et le soir, une autre « en campagne » avec la troupe scoute et l’après-midi accueil d’une communauté bulgare orthodoxe venue célébrer dans notre église leur « divine liturgie ». Le week-end qui suit s’annonce tout aussi bien rempli.

Et je ne dis rien des autres célébrations ou démarches pastorales  « hors paroisses » : à la clinique psychiatrique de « Belle-Idée », au funérarium St-Georges, les visites aux personnes âgées ou malades, l’encadrement des catéchistes, les messes de famille, l’éveil à la foi, les préparations de mariage ou de baptême et autres ministères particuliers qui relèvent plus directement de la compétence de certains frères, comme l’aumônerie des EMS, le service liturgique auprès d’une section locale de l’Ordre de Malte ou le Bureau « Santé » de l’Eglise catholique de Genève.

Un programme qui relève du défi

Au cours d’une journée de bilan et de programmation  tenue le 16 septembre en présence du provincial, la communauté de Genève a porté attention à son projet  dont les accents sont l’accueil, la formation et la liturgie. La paroisse qui nous est confiée et dont nous avons obtenu qu’elle constitue à elle seule une « unité pastorale » devrait bénéficier en premier lieu de ce label dominicain. Un label qui devrait aussi rayonner hors paroisse. En particulier par notre présence dans la Genève internationale, la formation théologique et biblique, la prédication, les activités éditoriales et des liturgies particulières comme celles des Messes Rorate ou les offices du Triduum pascal. Un projet dont l’équilibre est sans doute difficile à tenir et dont la réussite exige des avancées et de perpétuels renouvellements. Un projet dont la pleine réalisation dépasse aussi nos forces et sollicite l’apport de frères, sœurs et laïcs…hors frontières.

Activités éditoriales

Le frère Guy publie dans son blog paraissant sur le site de la province (https://dominicains.ch/a-livre-ouvert) une chronique régulière intitulée : « A livre ouvert ». On peut aussi lire ses billets sur le site cath.ch. Ce frère a publié récemment un fascicule de 70 pages : « Au fil des mots…la messe » à l’intention de ceux et celles que le Covid aurait éloigné de cette célébration.

Le frère Erik, nouveau venu dans nos murs, exerce désormais depuis Genève sa charge de « rédacteur » du site de la province.

Autre initiative éditorial récente : notre communauté a pu réaliser la version française d’un texte rédigé en anglais par le frère Mike Deeb au sortir d’un séjour en prison au temps de l’apartheid en RSA. Ecrit au cours des premières semaines de son noviciat qui suivit sa libération. Un texte contextuel, mais de portée universelle.

Enfin, nous attendons avec une certaine impatience l’informatisation de notre riche bibliothèque qui pourrait servir au rayonnement de notre charisme dominicain. Les démarches sont en cours, mais progressent …lentement.

fr. Guy Musy
chroniqueur du jour