Des trésors restaurés au monastère des dominicaines d'Estavayer-le-Lac

Samedi dernier, nous avons eu le plaisir de participer – avec le prieur provincial de la province de Suisse le frère Guido Vergauwen et deux frères étudiants du couvent de Saint Hyacinthe à Fribourg, les frères Alexandre Frezzato et Stefan Ansinger – à l'assemblée générale annuelle de l'Association des amis du monastère des Dominicaines d'Estavayer-le-Lac (AMEL).

Dans une réunion présidée par M. Francis de Vevey, président de l'AMEL, assisté de la secrétaire Mme Dominique Bloechlé, les amis réunis ont entendu plusieurs rapports dont un résumé des comptes de l'année 2021 et une présentation du budget pour l'année 2022, qui a été approuvé à la quasi-unanimité. 

Sœur Monique, sous-prieure de la communauté, a présenté le bilan du Centre d'accueil « La Source » pour 2021, année atypique en raison des effets bien connus de la pandémie. Le tout a été suivi d'un moment de spiritualité et de gratitude animé par sœur Anne-Sophie, prieure du monastère.

Après cette partie officielle, les membres de l'assemblée ont eu droit à un moment culturel et historique. Mme Nadia Togni, historienne et archiviste de l'Abbaye de Saint-Maurice, qui donne également des cours de latin médiéval à l'Université de Genève, nous a fait une conférence illustrée par des diapositives intitulée « Les antiphonaires des dominicaines d'Estavayer reviennent au monastère. Présentation des manuscrits récemment restaurés » avec la participation de la restauratrice Mme Maité Shazar. 

Il s’agissait d’un antiphonaire du 13ème siècle (autour de 1240) et d’un graduel daté de 1300. Propriété des frères de Lausanne, ils ont rejoints le monastère d'Estavayer au moment de la Réforme, quand les frères ont dû quitter leur couvent de Lausanne.

Dans des présentations côte à côte largement illustrées par des photographies, Mesdames Togni et Shazar ont expliqué le long processus de restauration des deux anciens manuscrits.

Les deux livres avaient été réparés au fil du temps par des frères et des moniales qui n’avaient pas de connaissance particulière du métier de reliure. Par exemple, en faisant coudre le dos du livre avec du fil grossier. Une sœur avait même utilisé des fragments de lettres pour réparer les déchirures.

Dans un autre cas, une page entière de parchemin, inscrite en notation musicale, avait été découpée en quatre ou cinq rectangles qui furent collés pour réparer l'antiphonaire. Pendant le processus de restauration, Mme Shazar a trouvé ces fragments et les a décollés. Ils sont maintenant exposés comme un document séparé à côté de l’antiphonaire. 

Mme Shazar a nettoyé les parchemins, pressé à plat certaines pages ondulées, et fixé des pages à la reliure avec des « micro-injections » d'une colle spéciale. Ce projet minutieux, qui a coûté plusieurs milliers de francs, a été financé par l’Association des amis du monastère.

Mme Togni a fait remarquer que les textes enregistrés dans l’antiphonaire demeurent toujours beaux et pertinents. Elle a donc invité nos frères Stefan et Alexandre, initiateurs du projet OPChant, de nous en donner une démonstration.

Nos frères ont reconnu ces antiennes, qui sont encore celles que l'on peut chanter aujourd'hui. En fait, comme nous l’a montré le frère Alexandre, ces mélodies médiévales ont été largement publiées jusqu'en 1960 dans des recueils de chants liturgiques destinés à l'usage de l'Ordre. 

Les manuscrits ont été ensuite présentés à l’assemblée. Mme Togni et Mme Shazar expliquaient et répondaient aux questions. On a pu constater qu'un trésor de notre passé avait été sauvé de la dégradation par le travail de ces spécialistes.

Un verre d’amitié a clos l’assemblée.

Nos remerciements à nos sœurs moniales pour leur initiative et leur accueil !