Dieu ne sait pas compter

Croire au Fils à qui Dieu donne l'Esprit sans compter. Voilà ce à quoi nous invite Jésus dans l'Evangile de ce jour (Jn 3, 31-36). L'enjeu de cela : avoir la vie éternelle ou ne pas l'avoir. C'est sans compromis. Or, la première lecture, dans les Actes des Apôtres, met en scène les deux cas de figure. Les Apôtres, méconnaissables d'assurance depuis la Résurrection et le don de l'Esprit, affirment leur foi avec force. Ils n'ont jamais été aussi vivants. Les membres du grand conseil, eux, ne donnent aucune prise à l'Esprit dans leurs cœurs verrouillés qui calculent leurs propres intérêts et cherchent à maintenir leur position. Et ils fomentent la mort.

Mais Dieu donne l'Esprit sans compter à son Fils comme à ceux qui croient en lui. Ou plus exactement : à son Fils en vue de ceux qui croient en lui.

Le don de Dieu est sans mesure, sans calcul. Qu'en est-il alors de la réception de ce don ? En Jésus, elle est à l'identique du don : sans mesure, sans compter. Le don sans réserve de sa propre vie sur la croix, voilà la mesure de sa réponse au don du Père. Et en nous qui avons reçu l'Esprit à notre baptême, à notre confirmation ? Nous qui avons été plongés dans ce don du Fils ? Nous donne-t-il l'assurance des apôtres ? Est-il plus fort en nous que l'adversité ? Nous donne-t-il la foi en cette vie que nul ne peut nous ôter ? Sommes-nous des négociants de la grâce, disposés à l'accueillir un peu mais dans les limites du raisonnable, du confortable,  en prenant soin de garder la maîtrise de la situation ? Quelle illusion !

Nos calculs nous enferment, la gratuité de l'Esprit nous libère. "Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes" affirme Pierre devant le grand conseil. Et souvent à Dieu plutôt qu'à l'homme, la femme que je suis.

Puisque Dieu ne sait pas compter, cessons nos calculs et entrons dans la folie de la gratuité de son salut.

sr Anne-Sophie