Entretien : frère Szymon Bialik, aumônier des étudiants germanophones à Fribourg
C'est avec plaisir que nous avons rencontré cette semaine le frère Szymon Bialik, récemment arrivé au couvent de Fribourg. Originaire de Silésie en Pologne, il a été désigné comme aumônier pour les étudiants germanophones de l'université de Fribourg.
Nous avons souhaité en apprendre davantage sur son parcours, sa vocation dominicaine et ses projets visant à rapprocher les différentes communautés de la ville….
La Rédaction : Salut frère Szymon, bienvenue ! Tu es ici depuis environ deux mois, c'est bien ça ?
Frère Szymon Bialik : Bonjour ! Oui, presque trois mois déjà.
Réd. : Peux-tu nous parler de ton ministère à l'université ? Tu es quand même Polonais… comment es-tu devenu aumônier pour les étudiants germanophones ?
SB : Alors oui, j'ai été assez surpris lorsque mon provincial m'a proposé ce poste. (rires) Il m'a appelé l'hiver dernier, peut-être en décembre ou janvier, pour me dire qu'il y avait une possibilité de devenir aumônier à l'université de Fribourg. Il m'a demandé si je voulais participer au processus de sélection. Après une brève réflexion, j'ai décidé de tenter l'aventure.
C'était inhabituel dans ma province, où il est rare qu'un frère soit envoyé à l'étranger comme « nouveau » prêtre. Je viens d'être ordonné en mai de cette année, donc tout s'est passé très vite. Mais j'ai vu ça comme une opportunité de travailler dans une communauté internationale… ce qui a toujours été un de mes rêves.
La prédication, avant tout. C'est essentiel pour moi. Tous les autres aspects de la vie dominicaine—les études, la vie communautaire—sont importants, mais ils servent le but ultime qui est la prédication. C'est pour ça qu'on vit ensemble et qu'on étudie : pour être de meilleurs prêcheurs.
Réd. : Et comment est née ta vocation dominicaine ?
SB : Bon, j'avais 35 ans quand je suis entré dans l'ordre, donc disons que j'avais déjà pas mal d'expérience de vie. Avant ça, j'ai été enseignant pendant sept ans, ce qui a été une période super enrichissante pour moi. Être responsable de jeunes, les accompagner dans leur quête de sens, ça m'a beaucoup apporté. Je pense que cette expérience m'a aidé à mûrir ma vocation dominicaine.
Réd. : Mais qu'est-ce qui t'a attiré chez les dominicains en particulier ?
SB : La prédication, avant tout. C'est essentiel pour moi. Tous les autres aspects de la vie dominicaine—les études, la vie communautaire—sont importants, mais ils servent le but ultime qui est la prédication. C'est pour ça qu'on vit ensemble et qu'on étudie : pour être de meilleurs prêcheurs.
Réd. : Clairement…
SB : J'ai découvert les dominicains quand ils sont arrivés dans ma ville natale de Katowice en 2015. Leur façon de célébrer la liturgie, de prêcher, m'a profondément touché. C'était la première fois que je voyais la Parole de Dieu vécue de manière aussi vivante et concrète.
Un extrait du concert du chœur VeraVoce, qui s'est tenu dans l'église des frères dominicains de la ville silésienne de Katowice le 31 janvier dernier.
Réd. : Mais alors, comment s'est passée ton arrivée à Fribourg ? Tu étais déjà familier avec la langue et la culture ?
SB : Je connaissais déjà un peu Fribourg, car j'y ai passé un semestre il y a deux ans, au printemps 2022. Pour la langue, il faut savoir que, même si je suis Polonais, l'allemand n'est pas tout à fait une langue étrangère pour moi.
Réd. : Comment ça ?
SB : Alors, je viens de Haute-Silésie. C’est une région bilingue où l'allemand et le polonais cohabitent depuis des siècles. J'ai aussi étudié l'allemand à l'université.
Bien sûr, le dialecte suisse-allemand est un défi… mais la plupart des étudiants parlent l'allemand standard, donc je peux communiquer avec eux sans trop de problèmes.
Réd. : Alors, quelles initiatives inspirantes prévois-tu pour ton ministère auprès des étudiants germanophones ?
SB : (rires) Bon, mon premier objectif est de créer des programmes intéressants pour les étudiants, des propositions qui les attirent et les engagent. Mais j'ai aussi réalisé que mon rôle ici est de construire des ponts—entre les différentes communautés linguistiques, entre les diverses organisations étudiantes, et même entre les confessions religieuses.
Il y a tellement d'offres à Fribourg pour les étudiants, c’est clair. Mais souvent, les initiatives sont dispersées et manquent de coordination. J'aimerais créer un espace commun où on pourrait partager nos ressources, nos idées, et collaborer plutôt que de travailler chacun de notre côté…
Franchement, je rêve de créer une plateforme où toutes les propositions pour les étudiants seraient centralisées. Ça permettrait d'éviter les chevauchements d'événements et de renforcer notre impact. Je souhaite aussi rapprocher les communautés francophones et germanophones.
Réd. : Et comment vois-tu cette collaboration entre les différentes communautés ?
SB : Franchement, je rêve de créer une plateforme où toutes les propositions pour les étudiants seraient centralisées. Ça permettrait d'éviter les chevauchements d'événements et de renforcer notre impact. Je souhaite aussi rapprocher les communautés francophones et germanophones. Par exemple, je soutiens le projet Disputatio du côté francophone, et j'aimerais que des jeunes germanophones y participent aussi.
C'est essentiel de dépasser les barrières linguistiques et culturelles pour construire une communauté étudiante plus unie et plus forte…
Réd. : Je vois bien. Et ressens-tu le besoin d'une dimension fraternelle dans ton travail ?
SB : Absolument. Même si mon ministère est personnellement enrichissant, je ressens le besoin de travailler plus étroitement avec mes frères dans l’Ordre. J'aimerais que mon ministère ne soit pas seulement le mien, mais qu'il devienne une œuvre commune. Peut-être que des frères étudiants pourraient me rejoindre pour des stages ou des projets spécifiques. Ça renforcerait notre présence dominicaine à Fribourg et serait bénéfique pour tout le monde.
Réd. : Tu as mentionné que tu souhaites poursuivre un doctorat. C'est toujours d'actualité ?
SB : Oui, j'espère pouvoir commencer bientôt. J'ai déjà eu plusieurs rencontres avec un professeur qui pourrait diriger ma thèse. Cependant, pour le moment, je me concentre sur mon ministère. Je pense qu'il est important de bien établir les bases de mon travail ici avant de me lancer dans des études doctorales. Peut-être que le semestre prochain sera plus propice pour ça…
Réd. : Nous te souhaitons beaucoup de succès dans cette aventure ! As-tu quelque chose à ajouter avant de conclure ?
SB : Je tiens à m'excuser si mes réponses ont été un peu désordonnées (rires). Mais surtout, je suis super heureux d'être ici et j'espère pouvoir apporter ma pierre à l'édifice, en collaboration avec tous ceux qui le souhaitent.
Réd. : Merci beaucoup, frère Szymon, pour ce partage.
SB : Un grand merci à vous.
Nous remercions chaleureusement le frère Szymon pour cet entretien. À travers sa mission, il cherche à créer des liens entre les différentes communautés de Fribourg, favorisant le dialogue et la collaboration. Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite et invitons tous les étudiants intéressés à le rencontrer et à participer aux initiatives qu'il propose.
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