Fête de sainte Catherine de Sienne

Une introduction à la sainte et des extraits de ses écrits

Aujourd'hui, c'est la fête de sainte Catherine de Sienne. Nous profitons de cette fête pour en apprendre un peu plus sur cette sainte dominicaine.

Pour cela, nous nous tournons vers quelques extraits d'un livret créé en 2016 par le frère Norbert-Marie Sonnier de la Province de France de l'Ordre des Prêcheurs :

Catherine Benincasa est née à Sienne le 25 mars 1347. Elle vient au monde avec une jumelle qui ne lui survivra que quelques jours ; elles sont les 23e et 24e enfants de la famille qui en comptera au final 25. Le père est teinturier, la mère tient la maison que l’on peut encore voir dans le quartier Fontebranda.

Et déjà se pose la question sur celle qui deviendra sainte Catherine de Sienne : comment cette jeune femme, laïque, illettrée, d’un milieu modeste, en arrivera à être l’interlocuteur des grands du monde de son temps (papes, cardinaux, rois, reines, etc.) ?  La réponse tient dans sa sainteté. Elle a bénéficié très tôt de grâces mystiques et sa vie est une réponse continue à réaliser la volonté de Dieu, à un point tel que sa volonté et celle de Dieu sont identiques. Pour en arriver là – c’est son enseignement spirituel – pas d’autres voies que de tuer sa volonté propre et son amour propre qui sont un poison et la racine de tous les maux du monde.

Son expérience spirituelle commence par une vision qu’elle aperçoit dans le ciel, au-dessus de l’église des Dominicains : le Christ lui apparaît revêtu des ornements pontificaux, avec les apôtres Pierre, Jean et Paul. Elle est toute jeune, six ans, mais cette vision la marquera à jamais. D’une part, sa relation avec le Christ sera une intimité de tous les instants, que l’on trouve dans cette parole du Christ : « Pense à moi, je penserai à toi » ; d’autre part, le Souverain Pontife (le Pape) sera appelé « le doux Christ sur la terre » et son engagement pour l’Église la qualifiera de « sainte qui a sans doute le plus aimé l’Église ».

En réponse à cette vision, Catherine fait vœu de virginité et elle se soumet à une ascèse faite de pénitence, de prière et de solitude dans une pièce retirée de la maison paternelle. Mais sa famille, souhaitant la marier, lui impose les tâches ménagères comme dérivatif à ces mortifications. C’est à ce moment qu’elle fait l’expérience spirituelle de la « cellule intérieure » du cœur, lieu inviolable où, quelles que soient les circonstances extérieures, le Christ est toujours présent. Catherine a toujours manifesté une grande admiration pour les Frères Prêcheurs, fondés par saint Dominique en 1216. Elle demandera son admission chez les Mantellate, une confrérie de femmes, veuves et âgées pour la plupart, qui l’accueillent alors qu’elle a juste 16 ans ! Revêtue de l’habit blanc et du manteau noir, elle veut vivre les exigences dont ils sont les symboles : pureté et pénitence. Les grâces mystiques abondent jusqu’aux noces mystiques avec son époux, le Christ, en 1370.

Mais Catherine va honorer les deux dimensions de la vie dominicaine : contemplation et action. Son activité apostolique commence avec le secours aux indigents, les visites aux malades et les soins aux pestiférés. Puis, elle fait montre d’un authentique charisme de réconciliation entre les personnes, les familles, les clans et les cités divisés ; mais aussi de la réconciliation des pécheurs avec Dieu. Elle se verra bientôt confié des ambassades plus ou moins officielles pour négocier la paix. On peut dire que son champ d’investigation s’élargit de Sienne pour atteindre Florence et Avignon, où siège le Pape. Accompagnée de disciples formant une bella brigata, une famille qui la reconnaît comme leur Mamma, ils sillonnent l’Italie et le sud de la France. Rencontrant le pape Grégoire XI en Avignon, elle lui fait part de son désir de le voir revenir à Rome, d’où il devrait procéder à la réforme de l’Église en commençant par la tête et lancer une croisade vers les lieux saints afin de fédérer les différentes factions ennemies en Italie dans un but commun. Grégoire XI reviendra à Rome en janvier 1377, mais il meurt l’année suivante. Son successeur, Urbain VI, verra une partie des cardinaux qui l’ont élu se détourner de lui et élire un autre pape, Clément VII, en septembre. C’est le début du grand schisme qui durera quarante ans ! Catherine prendra fait et cause pour Urbain VI, pape légitimement élu. Elle finit sa vie à Rome, portant sur ses frêles épaules la barque de l’Église. Elle meurt le 29 avril 1380.

Cette activité apostolique d’une rare densité ne l’empêche pas d’être l’auteure qui lui a valu le titre de Docteur de l’Église. Elle n’a pas eu de formation scolaire ou académique, elle savait à peine lire et a appris à écrire sur le tard. Pourtant, elle n’a eu de cesse de chercher, de questionner, de s’entourer de théologiens confirmés, afin de rendre compte de son expérience spirituelle. Son œuvre se présente sous trois formes. D’une part, la correspondance. Nous avons 378 lettres qu’elle a adressées aux personnes les plus diverses : papes, cardinaux, évêques, rois, reines, religieux, gens de toute condition. Elles commencent toutes par la formule : « Au nom de Jésus crucifié et de la douce Marie. Moi, Catherine, servante … ». Cela indique qu’elle agit pour le Christ et que ses avis sont à recevoir comme l’expression de la volonté divine. D’autre part, 26 oraisons dont certaines en état d’extase. Ce sont ses disciples qui les ont recueillies alors qu’elle prie, visiblement à haute voix.

Enfin, le Dialogue, l’œuvre la plus étonnante qui relate des conversations entre Dieu le Père et Catherine de Sienne ; une synthèse de sa spiritualité qu’elle dicte en 1377-78.

Le Dialogue est l'œuvre principale de Catherine de Sienne. Dans ce livre, dicté par Catherine de Sienne en extase, elle raconte les conversations qu'elle avait avec Dieu. La richesse théologique de ces écrits et la doctrine qu'ils décrivent sont reconnus par l'Église catholique, au point de faire de Catherine de Sienne l'une des rares femmes à être proclamée docteur de l'Église.

Aujourd'hui, examinons un extrait particulièrement émouvant :

 L’âme purifiée par le feu de la divine charité qu’elle trouva dans la connaissance de soi et de Dieu et s’étant accrue la faim avec l’espérance du salut du monde entier et de la réforme de la sainte Église, elle se dressa avec assurance devant le Père suprême qui lui avait montré la lèpre de la sainte Église et la misère du monde, et presque avec les paroles de Moïse lui dit : Mon Seigneur, tourne ton regard sur ton peuple et sur le corps mystique de la sainte Église, car tu seras plus glorifié de pardonner à tant de créatures et leur donner lumière de connaissance… que seulement de moi, misérable qui t’ai tant offensée et suis cause et instrument de tout mal. Et donc je te prie, divine, éternelle charité, venge-toi sur moi et fais miséricorde à ton peuple : jamais je ne partirai de devant toi tant que tu ne leur feras pas miséricorde (…) Par cet amour ineffable je te contrains à et te prie de faire miséricorde à tes créatures. 

Nous souhaitons à tous nos lecteurs une bonne fête de Sainte Catherine de Sienne !

Pour mieux comprendre sainte Catherine, nous vous invitons à visionner cette émission produite il y a quelques années par la télévision KTO avec notre frère François Daguet, professeur de théologie, du couvent de Toulouse :

Saint Catherine de Sienne, Giovanni Battista Tiepolo, 1745. Wikipédia.

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