Francese ou François Coll

Prédicateur itinérant

La famille dominicaine fête aujourd’hui un saint de notre Ordre dont le renom et le rayonnement – je le crains – ne dépassent pas les frontières de la Catalogne ou les enclos des communautés des Sœurs dominicaines de l’Annunciata qui se réclament de sa paternité. Je veux parler de Francese (François) Coll, né à Gombrèn en 1812, au moment où les troupes napoléoniennes envahissaient la Catalogne, sa patrie. Il décéda, toujours en Catalogne, en 1875.

Un dominicain quelque peu atypique. Pas du tout gyrovague puisqu’il ne mit jamais les pieds hors de sa Catalogne. Et il ne passa en tout et pour tout que cinq années dans un couvent dominicain. A Girona (Gérone) précisément, de1830 à 1835, l’année de son noviciat suivie de quelques autres pour sa formation initiale.

Aux guerres napoléoniennes avaient en effet succédé dans la province catalane des conflits politico-religieux internes dont les congrégations religieuses firent les frais. Les Dominicains furent chassés de leurs couvents et leurs œuvres sécularisés.

Fils de paysans pauvres et orphelin, le jeune Francese fut accueilli par une famille aisée de Vich. Elle le reçut une nouvelle fois quand il sera expulsé de son couvent et fêtera avec lui sa première messe célébrée dans une chapelle privée.

C’état à Vich déjà que la vocation dominicaine de Francese put s’éclore à l’ombre de l’église dédiée à Notre-Dame du Rosaire desservie par les Frères Prêcheurs de cette ville. Ce furent ces mêmes frères qui envoyèrent le jeune homme au couvent de noviciat de Girona.

Suite à la dispersion des religieux, sans couvent, ni prieur, mais tout de même profès dominicain, le nouveau prêtre se met à la disposition d’un évêque diocésain qui en fit pendant quelques années un vicaire de paroisse, mais sans lui conférer la charge de curé. Ce qui correspondait au désir et surtout au charisme de Francese, enflammé de zèle pour la prédication.

Des années durant, on le vit parcourir les villages et les bourgades de Catalogne en vrai prédicateur itinérant. Comme le fut avant lui Dominique le castillan – dont il porta toujours l’habit – mais à la manière de son compatriote Vincent Ferrer. Il prêchait avec une telle ferveur et conviction que les églises étaient trop étroites pour contenir tous ceux qui désiraient l’entendre. Si bien qu’on dressait des estrades sur les places pour lui permettre de s’adresser à la foule qui l’entourait.

La prédication du frère Francese Coll s’inspirait très largement de la méditation des mystères du Rosaire qui fut une de ses premières et constantes dévotions. Proche de toutes misères en ces années troublées par la guerre civile, il se faisait l’apôtre de la paix et de la réconciliation, sans prendre parti pour l’un ou l’autre acteur du conflit.

L’aspect le plus moderne de sa prédication fut sans doute son souci d’en assurer le suivi, pour qu’elle ne soit pas un feu d’artifice sans lendemain. A cet effet, dès 1856, il confia à quelques dames recrutées sur place la mission de prolonger et d’approfondir sa prédication dans les bourgs et villages où il avait passé. Elles en vinrent à ouvrir des écoles pour les filles qui en ce temps étaient tenues à l’écart de tout enseignement. C’est ainsi que naquit et prit forme la Congrégation de l’Annunciata, présente de nos jours dans trois continents. Le feu prit très vite. A la mort du fondateur en 1875, on comptait déjà plus d’une cinquantaine de communautés de l’Annunciata en Catalogne.

Né pauvre, Francese Coll mourut comme un pauvre dans un asile de Vich qui recevait des prêtres malades. Devenu aveugle et avec des facultés mentales profondément troublées. Enseveli d’abord dans un cimetière public, ses « filles » dominicaines, trois ans plus tard, transférèrent ses restes dans la chapelle de leur maison-mère. Ce sont elles encore, plus que ses frères, qui furent les promotrices de sa béatification en 1979, puis de sa canonisation le 18 octobre 2009 par le pape Benoît XVI.

Note :

Des internautes suisses ont peut-être rencontré les Sœurs de l’Annunciata à Fribourg au Foyer Sainte-Elisabeth ou à Genève à la Mission catholique hispanophone, un temps confiée à nos frères de la province d’Espagne.

fr. Guy Musy

François Coll (auteur : Blanca Chavarri, www.dominicos.net/Wikimedia Commons)

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