Ils regarderont vers celui qu'ils ont transpercé

Certains prophètes de malheur n’hésitent pas aujourd’hui à faire le lien entre le covid-19 et le châtiment divin, comme celui infligé au peuple dans le désert pour contrer ses récriminations. « Alors le Seigneur envoya contre son peuple un virus à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple. » pourraient-ils gloser… 

Ils trouvent même de quoi étayer leur thèse en convoquant l’Écriture : « Pas d’autre dieu que moi ; c’est moi qui fais mourir et vivre, si j’ai frappé, c’est moi qui guéris, et personne ne délivre de ma main. » Dt 32, 39. Ils confirment que tout cela vient de Dieu « Car c’est lui qui blesse et panse la plaie, lui qui meurtrit et dont les mains guérissent. » (Jb 5, 18) puisqu’il y a bien « Un temps pour tuer, et un temps pour guérir. » (Ec 3, 3).

Après quoi, ils invitent tout naturellement, en ces jours qui nous séparent de Pâques, à revenir au Seigneur : « Venez, retournons vers le Seigneur ! il a blessé, mais il nous guérira ; il a frappé, mais il nous soignera. Après deux jours, il nous rendra la vie ; il nous relèvera le troisième jour : alors, nous vivrons devant sa face. » (Os 6, 1-2).

Méfions-nous de certaines relectures de l’Ancien Testament qui ne débouchent pas sur le Nouveau. Jésus est venu accomplir les Écritures et la Promesse de Salut, les dépasser - « Vous avez appris… et bien moi je vous dis… (Mt 5, 21. 22) - en nous projetant en avant, vers l’avenir qu’il nous ouvre et pas en retournant en arrière, en relisant à l’envers… 

De même que tous ceux qui ont été mordus par le serpent – mordus par le péché – vivront en regardant le serpent d’airain, préfiguration du Christ en croix sur le calvaire, nous sommes invités à fixer les yeux vers Celui qui y a déposé sa vie pour nous sauver et ne pas nous laisser mourir dans nos péchés.

« Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez… » C’est vers lui, les bras ouverts sur la croix, instrument de notre salut, que nous levons les yeux, et non pas en arrière pour être digne du Royaume des Cieux auquel Il nous convie. (Lc 9, 62)

fr. Philippe Jeannin