Interview : frère Thomas Carrique

Un entretien sur la vocation, la créativité et l’espoir dans l’Église contemporaine

Le frère Thomas Carrique est arrivé ce semestre à Fribourg pour poursuivre ses études de théologie. Originaire de Rouen, il a grandi dans une famille aux influences religieuses variées. Passionné de théâtre et de cinéma, il partage avec enthousiasme sa quête de beauté et de vérité dans l'art.

Nous avons l'habitude sur ce site d'interviewer les frères nouvellement arrivés. Ils révèlent souvent des trésors cachés, même à leurs confrères avec qui ils vivent en communauté. Le frère Thomas a eu la gentillesse de nous accorder cet entretien:


Réd. : Salut, frère Thomas ! Comme d’habitude, on aime bien interviewer les nouveaux arrivés. Tu es à Fribourg pour tes études, c’est ça ?

TC : Oui, exactement. Je suis ici pour continuer mes études de théologie, plus précisément en théologie dogmatique.

Réd. : Ah, dogmatique, qu’est-ce qui t’attire là-dedans ?

TC : En fait, je m'intéresse beaucoup aux Écritures et à leur lien avec le salut. Ce fameux « livre de vie » mentionné dans l'Apocalypse... J'aimerais approfondir le rapport entre la Bible, le Christ, et cet autre « livre » qu’est la Création. C'est tout une réflexion sur le symbole, le langage, la chair... et l'esprit aussi.

Réd. : Tu veux dire que la nature aussi serait une sorte de langage divin ?

TC : En quelque sorte, oui. Elle offre plein de symboles qui pointent vers Dieu, et la Bible nous transmet cela. C'est un champ d'études passionnant, et j’ai encore plein de questions à explorer.

 C’est vrai que la situation est compliquée, mais je pense que notre vocation reste la même : vivre et partager l’amour du Christ, là où on est, avec ce qu’on a. Que l’on soit nombreux ou peu, c’est ça qui compte. 

Réd. : Intéressant. Et tu viens d'où, du coup ?

TC : Je viens de Rouen, cette ville entre Paris et Le Havre. Mon père est catholique, ma mère est protestante, et mes frères et sœurs... athées. C’est un joyeux mélange chez nous…

Réd. : Ah oui, ça fait des parcours un peu atypiques, mais on retrouve souvent ça parmi les jeunes frères.

TC : C’est vrai. Ce n’est pas vraiment ma famille qui m'a amené à la foi. En tout cas pas directement, pas seulement. En fait, c’est venu par une lecture personnelle des Évangiles pendant mes années de lycée. Avec notamment deux amies, on cherchait des réponses, pas convaincus par le discours ambiant sur la foi et la religion. On sentait que le Christ avait le dernier mot.

Réd. : Et à part les études, tu as d’autres passions ?

TC : Oui, le théâtre et le cinéma. Je révère les acteurs, les réalisateurs… leur quête de vérité, leur créativité. À Lyon, j’ai monté une pièce de Tchekhov avec des frères et des paroissiens. C'était une aventure incroyable…

Réd. : Tchekhov ? Rien que ça !

TC : Oui ! J’aime aussi la littérature, les romans dans lesquels on se plonge, qui vous transforment, c’est ce que je préfère.

Réd. : Le couvent de Saint-Hyacinthe est très international. Selon toi, qu’est-ce que l’Église en France peut apporter aux autres cultures ?

TC : En France, l’Église a moins de moyens financiers qu’ailleurs, mais ça lui donne plus de liberté. Moins de bureaucratie, plus de spontanéité. Et un peu de désordre, ça fait du bien à l'Esprit, non ?

Réd. : Ça, c'est sûr… Mais certains pensent que l’Église est en déclin en Europe. Tu en penses quoi ?

TC : C’est vrai que la situation est compliquée, mais je pense que notre vocation reste la même : vivre et partager l’amour du Christ, là où on est, avec ce qu’on a. Que l’on soit nombreux ou peu, c’est ça qui compte.

Réd. : C’est une belle vision, et c’est vrai qu’il est facile de se laisser décourager en voyant le déclin visible dans certaines paroisses. Mais quand on voit l’énergie des jeunes qui s’engagent, comme toi, on se dit qu’il y a encore beaucoup d’espoir.

TC : Que nous soyons un petit reste ou très nombreux, notre vocation est toujours la même : vivre de l'amour que le Christ nous a donné et enseigné, et le partager avec tous en suivant les voies de l'Esprit en nous, concrètement, là où nous sommes, avec nos désirs et nos talents. C'est seulement ainsi que j'envisage mon avenir : avec mes frères et auprès des gens, fidèle à la croix du Christ, avec la joie de partager cet amour qui peut et doit libérer le cœur de tout homme dans ce monde.

Réd. : Merci beaucoup pour cet échange, Thomas. C’était un vrai plaisir de découvrir ton parcours et ta vision.

TC : Avec grand plaisir, merci à toi !

Le frère Thomas Carrique à Fribourg (photo : la rédaction)

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