« La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu » (Rm 8, 19)

Homélie du frère Philippe Jeannin pour le 15e dimanche du temps ordinaire

Puisque la parabole du Semeur vous a déjà été commentée des dizaines de fois, et que je ne ferai pas mieux que l’explication qu’en donne Jésus lui-même, permettez-moi de nous arrêter à la deuxième lecture. Elle me semble à la fois d’actualité et d’une urgence pour notre temps.

À sa manière, elle nous parle de ce que nos contemporains, journalistes et militants appellent ‘l’écologie’. Mais pour les chrétiens, ce n’est pas une thématique nouvelle, même si nous l’avons souvent laissée de côté. 

Si le Pape François nous a rappelé l’urgence, il y a 5 ans avec l’encyclique Laudato Si’, de prendre soin de notre maison commune, saint Paul avait déjà traité le sujet dans sa lettre aux Romains.

 

Reprenons quelques passages : La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. Car elle a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir.

Pourtant, elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu.

Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps.

Que nous dit saint Paul ? Quelle révélation a-t-il eue pour tenir un tel propos ?

D’abord : que le sort de la création n’est pas différent de celui de l’homme : l’homme et la Création, chacun à leur niveau, ne font qu’un dans la main de Dieu et Dieu veut les sauver l’un et l’autre. Reprenons :

La création tout entière gémit… Nous aussi nous gémissons…

La création a été soumise au pouvoir du néant à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir… nous aussi…

La création a gardé l’espérance d’être libérée de la dégradation… l’homme aussi…

La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu… nous aussi…

La création garde l’espérance de connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu… N’est-ce pas aussi notre espérance ?

 

La Création, comme l’homme, ont été soumis au pouvoir du néant et attendent leur rédemption et l’adoption filiale.

La Genèse nous rapporte comment l’homme, par la tentation – je dirais, par sa convoitise – non d’un fruit mais par son désir de connaître et donc de maîtriser le bien et le mal – connaissance et maîtrise qui, cela dit en passant, n’appartiennent qu’à Dieu,– la Genèse nous rapporte donc comment l’homme s’est coupé de la communion avec Dieu.

La Création, elle – par la convoitise de l’homme qui avait mission de la faire fructifier mais qui l’a malmenée, appauvrie, défigurée, en épuisant et confisquant ses ressources, l’a mise aujourd’hui dans un état alarmant : les ressources minières, ici et là, sont pillées. L’eau – même dans nos pays - devient rare… et là, un enjeu guerrier (le plateau du Golan, le Nil rouge en Éthiopie…) ; la chasse – voire le massacre - de telle ou telle espèce d’animaux, dans la mer ou sur la terre, recherchée pour leur chair tendre, leurs cornes aux pouvoirs magiques et valorisants, leurs défenses… les menacent à terme… 

Oui la création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir.

Plus proche de nous, le confinement nous a rendu plus attentifs au chant retrouvé des oiseaux, à la nature qui reprenait ses droits, au retour des papillons : moins de pollution, moins d’avion, moins de voitures… les espèces se sont régénérées et les animaux ont comme retrouvé leur droits, leur paradis… 

Oui, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. Elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu.

Frères et sœurs, mesurons l’urgence, chacune et chacun à notre niveau, de prendre soin et de l’homme et de la nature que Dieu lui a donnée comme jardin et comme ressources, pour ne pas malmener ni l’un ni l’autre mais réveiller en nous la conscience que Dieu veut sauver son œuvre, toute ensemble, l’homme et la Création.

Oui, on peut le dire à la lumière de l’enseignement de Paul : « Défense des Droits de l’Homme et Sauvegarde de la Création : même combat ! »

fr. Philippe Jeannin

(photo © Dominicains Genève)

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