Le 7 novembre - la fête de tous les saints et saintes dominicains

J’ai sous les yeux une reproduction de l’arbre généalogique dominicain, un tableau du 17ème siècle qui avec le retable de Hans Geiler enrichit le trésor culturel de l’église des moniales dominicaines d’Estavayer-le-Lac. Du corps de saint Dominique surgit un arbre ramifié en une vingtaine de portraits de frères et sœurs saints, bienheureux et vénérables que l’Ordre des Prêcheurs se flattait à l’époque de localiser quelque part au paradis.

Cette  liste n’a fait que s’allonger au cours des siècles suivants. Mais ma question demeure : irais-je  les rejoindre un jour au paradis ? Sans que forcément mon visage ne figure comme le leur sur un arbre généalogique prestigieux.

Une plaisanterie qui courait autrefois les couvents me rassure. Si tu veux être heureux dans cette vie et même dans l’autre, disait-on. étudie chez les Jésuites, prends tes repas chez les Franciscains et meurs chez les Dominicains ! Il a fallu que je devienne dominicain moi-même – il y a plus de soixante ans ! – pour vérifier la justesse de ce propos. Du moins de son troisième tiers. Notre ancienne liturgie dominicaine fourmillait d’invocations et de processions pour le repos éternel de nos frères défunts. Comme si les survivants étaient pris d’un terrible doute au moment du départ d’un des leurs. Connaissant trop bien ses frasques et ses travers, il fallait qu’ils unissent leurs prières pour lui obtenir au moins un strapontin au paradis.

Ce secours fraternel, bien que posthume, me rassure. Mais plus encore le geste de Jésus qui promit le paradis à un larron crucifié à ses côtés. Toutes nos bonnes œuvres ne valent pas un instant de repentir.

C’est ma plus belle espérance. Elle m’empêche de désespérer de ma médiocrité, mais aussi des malheurs qui pèsent sur notre vie. Je veux croire malgré tout que nous allons vers le beau !

fr. Guy Musy