Le baptême du Christ dans une mosaïque

Le frère Guy Musy nous fait découvrir la mosaïque du baptême du Christ créée pour notre église par Maurice Denis

Après avoir exploré dans notre église la fresque marouflée de Maurice Denis, je m’applique à percer les secrets de la mosaïque baptismale signée par le même artiste. 

La date, janvier 1923, figure au bas de cette œuvre exécutée par Charles Wasem.

De très bons yeux sont nécessaires pour en distinguer tous les détails. Il m’est arrivé d’avoir eut recours à des enfants pour les déchiffrer.

Voilà des années que je ne célèbre plus de baptêmes face à cette mosaïque qui surmonte une superbe fontaine baptismale, de plus en plus asséchée hélas, du fait de l’obscur recoin où elle est reléguée.

Un espace qui ne permet pas de contenir « les foules » qui tiennent à photographier ou filmer l’élu ou l’élue du jour et à le mettre à l’honneur.

Le chœur ou les premiers rangs qui lui font face semblent mieux adaptés à cet exercice.

Quant au riche symbolisme exprimé par la mosaïque, cessons de rêver ! Il requiert d’être découvert et commenté à tête reposée, sans agitations fébrile. Ce qui n’est pas toujours le cas lors d’une célébration de baptême.

Pourtant, on ne saurait reprocher au peintre ou à l’architecte cette localisation.

Ils n’ont fait que respecter la théologie traditionnelle qui fait du baptême la porte d’entrée des sacrements, premier pas vers l’eucharistie. Le lieu où on le confère doit donc être distinct du sanctuaire.

Dans les premiers siècles chrétiens on construisait à cet effet des édifices octogonaux situés à l’extérieur de l’église.

Mais revenons à notre mosaïque.

Ce qui nous frappe d’emblée est ce Christ, les bras en croix, la tête inclinée comme s’il venait de rendre l’esprit (Jean 19,30), et les pieds plongeant dans un fleuve qui semble alimenter la cuve baptismale.

Impossible de ne pas songer à deux versets de la Lettre de Paul aux Romains (6,3-5) Le baptisé, comme le Christ, plonge dans la mort, pour parvenir, comme lui, à une vie nouvelle.

Le vocable « baptême », dérivé du grec, signifie « plongée». Tel est le message central transmis par la mosaïque, confirmé par l’Esprit signifié par la colombe qui émane du Père représenté par des rayons lumineux qui traversent toute la scène.

Mais l’eau ne signifie pas la mort définitive qui ensevelit le Christ et le chrétien. On en ressort par la résurrection signifiée par l’arche de Noé, peinte au dernier plan, où survivent les rescapés du déluge, réconfortés par une colombe qui ramène un rameau d’olivier.

L’eau est donc aussi symbole de vie. Elle jaillit en plein désert du rocher frappé par Moïse (on le reconnaît à ses cornes) pour devenir la Mer Rouge que les Hébreux traversent à pieds secs, libérés de l’esclavage qu’ils subirent au pays des Pharaons représenté par une pyramide. Un entrelacs d’images et de figures du Premier Testament, y compris celle de deux cerfs assoiffés qui s’abreuvent à un filet d’eau vive (Psaume 42,2), évoque la liturgie (mort et résurrection) de la nuit de Pâques dont devrait s’inspirer toute célébration baptismale.

L’eau du rocher s’écoule dans le Jourdain où baignent les pieds de Jésus. Derrière lui, dans l’axe central, Jean Baptiste procède à l’ablution de la tête du Christ, selon le rite habituel du baptême de l’Eglise latine. Deux enfants se tiennent à ses côtés. Le premier porte dans ses bras les vêtements du baptisé.

Nu, le Christ entre dans l’eau, comme il est entré nu dans sa mort, ainsi que le voit l’Apôtre Paul : « Il s’est dépouillé prenant la condition du serviteur, devenu semblable aux hommes (…) obéissant jusqu’à la mort sur une croix » (Phlippiens 2, 7-8).

Le second jeune a la tête et le doigt levés vers la colombe symbole de l’Esprit, voix venue du ciel qui donne sens à cette scène : « Tu es mon Fils bien aimé, il m’a plu de te choisir » (Marc 1,9-11).

Deux jeunes sont donc les acolytes du Baptiste. Le peintre les a-t-il représentés au nom de tous les enfants qui allaient être baptisés face à sa mosaïque ?

C’est pour eux aussi que retentit la voix céleste.

Eux aussi sont les aimés du Pères, choisis par lui. Le rite baptismal consacre cet appel.

— frère Guy Musy

Des vidéos sur l'art de Maurice Denis avec des commentaires du frère Guy peuvent être visionnées ici...

... et ici.

Vous trouverez un autre commentaire du frère Guy sur l'art sacré de notre paroisse en cliquant ici.

Un détail de la mosaïque du baptême du Christ dans notre église paroissiale St-Paul de Cologny, créée par Maurice Denis (photos pour cet article : la rédaction)

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