Pierre de Verone - un saint Inquisiteur ?

Faut-il aujourd’hui rappeler la figure de Pierre de Verone ? L’imagination populaire fait de l’inquisiteur un cruel religieux qui par la torture tente d'extraire de sa victime un aveu de culpabilité. Il est difficile d’avoir de la sympathie pour un inquisiteur. Nous sommes persuadés qu’il n'y a aucune raison qui puisse justifier l’utilisation de la force pour  contraindre quelqu'un à renoncer à ses conviction. Bien ! Mais il est trop facile de juger un personnage du XIIIe siècle en utilisant nos catégories contemporaines. Les historiens de l’Inquisition nous montrent d’ailleurs que elle a introduit un certain progrès et donnait plus des droits aux personnes accusées que ce n’était le cas auparavant.

Les parent de Pierre étaient cathares. Même aujourd’hui l'environnement dans lequel nous avons grandi a un impact significatif sur nos choix. Combien plus au XIIIe siècle ! On ne peut que deviner la transformation radicale que Pierre a connue, lui qui, élevé parmi les Cathares, a rejoint les Dominicains à Bologne dès son plus jeune âge, quelques mois avant la mort de saint Dominique.

L’Ordre lui a confié la tâche d’un inquisiteur. On ne sait pas si Pierre a participé à un procès, mais on sait qu’il a témoigné de sa foi. Son titre de gloire n’est pas Pierre l’Inquisiteur mais Pierre le Martyr. Il fut tué par ses adversaires et la tradition veut que son assassin se soit converti et qu’il devint lui aussi frère dominicain.

Dans l'iconographie nous trouvons deux types essentiels de représentations de Pierre. Le plus souvent, il est montré avec une hache plantée dans la tête. Un rappel de son martyre. Le deuxième type iconographique le représente avec un doigt sur la bouche. Drôle d’image d’un prêcheur ! Mais, peut-être il veut nous dire que aussi bien la confession de foi que la prédication naît dans le silence. J’aimerais croire que c’est pour cette raison que les premiers Dominicains de Genève l’ont choisi comme patron de leur couvent.

fr. Zdzisław Szmańda