Procession péruvienne

Depuis des années, un local retiré annexé à notre église St-Paul, abrite, proche d’une cage d’escaliers, un autel de style péruvien  dédié au « Cristo de los milagros », un tableau représentant la crucifixion du Seigneur, accompagné ici de la bannière de saint Martin de Porrès, péruvien lui aussi. Une dévotion quasi nationale dans ce pays andin qui a suivi les immigrés du Pérou dans leur pérégrination européenne jusqu’à Genève.

La raison précise de l’installation de cette image dans une église de  la riche commune de Cologny où les immigrés andins ne sont pas foule est assez mystérieuse. Mais passons ! Demeure le fait que chaque année, un dimanche d’octobre, un groupe de Péruviens établis à Genève se rassemblent à St-Paul pour vénérer cette image et la porter en procession, défilant entre les voitures parquées non loin de notre église.

Selon la coutume, une messe – pour les plus pieux ! – précède la procession. Depuis quelques années elle est célébrée par notre frère Walter Jesid Rivero Florez, un colombien aux études, venu tout exprès de Paris pour assurer cette célébration. Un participation modeste, mais un enseignement très long et de qualité.

Mais tout s’anime en fin de messe au départ de la procession. La sainte image est portée sur son brancard par une dizaine de solides dévots qui ont revêtu pour la circonstance un uniforme spécial. (Ils expient ainsi leurs péchés, susurre une dame sur le parvis.). Deux ou trois pauses scandent le parcours avant de ramener le Cristo de los milagros dans son recoin habituel.

Deux motifs soulèvent mon enthousiasme. Tout d’abord, cette manifestation prouve à sa manière la catholicité de notre Eglise et elle me rapproche des immigrés en m’apprenant à respecter ce qui leur reste lorsqu’ils débarquent chez nous : leur foi que j’aurais tort de mépriser sous prétexte qu’elle est « populaire ».       

— frère Guy Musy