Promenade genevoise du frère Nicolas-Jean

La rade de Genève devient l'écran d'une scène des Évangiles

Le frère Nicolas-Jean Porret, anciennement curé de la paroisse des dominicains à Toulouse, a rejoint notre communauté il y a quelques mois. Originaire de Savoie, il s'adapte maintenant à la vie genevoise.

Cet article dont il est l'auteur est le fruit d'une de ses récentes promenades de découverte dans notre ville :

Dans la rade de Genève le visiteur attentif aura pu remarquer deux blocs de pierre émergeant des eaux du Léman : ce sont les pierres dites « du Niton » (nom qui viendrait de Neptune).

On lui dit que ces granites erratiques se sont fixés là depuis le retrait du glacier du Rhône après la dernière glaciation, et qu’ils seraient de même composition que ceux du Mont Blanc ; un de ces rochers a pu servir d’autel pour un culte celtique ; et plus récemment, au xixe siècle, les géographes en ont fait un point de référence pour trianguler les altitudes.

Intéressant, n’est-ce pas ?

Mais ce n’est pas tout. Notre brave visiteur entend d’abord parler à la maison Tavel, puis va découvrir aux MAH (Musées d’Art et d’Histoire), le significatif tableau de Konrad Witz : la Pêche miraculeuse.

Ce grand volet de triptyque peint en 1444 pour la cathédrale Saint-Pierre figure l’épisode évangélique de la pêche miraculeuse audacieusement placé dans le paysage lémanique et alpin, avec une précision telle que nos fameux granites du Niton y sont représentés.

Par un effet de perspective sans doute voulu par Konrad Witz, la main du rameur paraît prendre appui sur la grande pierre du Niton, alors que… saint Pierre nage vers la berge où le Christ l’appelle : « Venez à ma suite et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes » (Mc 1, 17).

Ah, merveille ! La moderne, calviniste, prestigieuse et internationale Genève recèle une histoire géographique et évangélique enchanteresse !

La rade devient l’écrin d’une scène des Évangiles rendus proches, palpables. Genève est une « terre sainte » où la Parole de Dieu a fait sa tente, dans le paysage urbain, la belle campagne environnante : Voiron, Mont Blanc, Salève, avec quelques seigneurs et paysans — et même des troupes du duc de Savoie… 

Deux blocs de granite donc sont là qui nous rappellent la vocation de Pierre à Genève. Ils nous suggèrent aussi que la dureté et la fermeté ne doivent pas procéder d’autre chose que de la solide fidélité du Christ, pierre angulaire sur qui l’humanité nouvelle s’édifie. C’est sur la foi de Pierre que Jésus a voulu bâtir son Église, mais la foi du vaillant et hésitant (surnageant) pêcheur prend appui sur le Christ ressuscité.

Puissent les disciples Genevois du Seigneur, réunis plus ou moins consciemment dans les filets de Pierre, témoigner, en ces temps troublés, de l’invincible appel de Celui qui est venu nous tirer des eaux de ce monde pour nous transformer en vivants poissons de son Royaume !

frère Nicolas-Jean Porret

 

L'emblématique barque lémanique «Neptune» amarrée dans la rade, photographiée axée entre les deux pierres du Niton (Niton vient de Neptune). Photographies du fr. Nicolas-Jean Porret.

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