Que devons-nous faire ?

Homélie du frère Guy Musy pour le quatrième dimanche de Pâques

Pardonnez-moi,  mais je ne suis pas d’humeur ce matin à me laisser conduire comme ces moutons dont il est question dans l’évangile qui vient d’être lu. Je sais bien que le bon pasteur me conduira vers les  « verts pâturages et les eaux tranquilles ». Mon berger ne se nomme pas Panurge, tout de même. Il ne me laissera pas me précipiter tête baissée dans la mer.  Mais, je le répète, je rêve d‘activités personnelles, de prises en main responsables et non de laisser-aller ou de lâcher prise.

Alors, je relis le passage des Actes qui nous est aussi proposé aujourd’hui. Il me stimule et m’encourage.

Le jour de Pentecôte, enflammé par l’Esprit qui vient de l’investir, Pierre se lance dans un discours missionnaire enthousiaste qui fend le cœur de ses auditeurs. Les versets précédents nous disent qu’ils viennent de partout, de toutes les rives de la Méditerranée, le monde connu de ce temps. Ils sont émus, touchés au cœur, et ils s’adressent à Pierre et aux Apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? ».

Autrement dit, il ne suffit pas d’être ému, de se laisser dominer par la pitié, la joie la peur ou l’admiration, il faut aller plus loin. Quitter le monde des sentiments où l’on se réfugie trop souvent et entrer dans celui de l’action, beaucoup plus exigeant.

Le samaritain sur sa route va au-delà de sa pitié. Il met en place tout un programme de premiers secours en vue de  soulager le blessé qui agonise au bord du chemin.

Que faut-il faire ?, demandent à ceux qui savent, ces hommes et ces femmes dont la grâce a déjà touché le cœur.

Il me semble entendre de jeunes adultes non baptisés mais séduits par l’évangile me demandant : « Et maintenant quoi ? Quelle sera la suite ? Que devons-nous faire ? »

Pierre aurait pu sortir de sa poche la « feuille paroissiale » de la jeune Eglise de Jérusalem et d’énumérer  toutes les activités des prochaines semaines. J’aurais pu en dire autant à mes catéchumènes : « Et bien, il y a la chorale, les fleuristes, les catéchistes, les lecteur le groupe qui visite les malades et celui qui accueille les réfugiés… » Et que sais-je encore ?

Curieusement, Pierre n’entre pas dans ces détails. Une seule proposition : Convertissez-vous !

Autrement dit, donnez à votre vie une nouvelle orientation, non pas superficielle, mais radicale et fondamentale. Et tout alors vous deviendra clair. Vous saurez vous-mêmes ce que vous devez faire.

Autrement dit encore, commencez par construire votre maison chrétienne, non pas par la cheminée, mais en la plantant sur de solides fondations, dont le Christ est la pierre d’angle.

Cette conversion est signifiée par le baptême qui n’est pas un rite folklorique ou familial, ni même l’inscription d’un nom dans un registre d’Eglise. Etre baptisé c’est revêtir le Christ, se laisser prendre par lui, le laisser vivre en soi. Alors toutes les initiatives, même les plus surprenantes, jailliront spontanément du foyer de cette vie nouvelle.

Je m’étais promis de ne pas faire allusion à la pandémie qui nous assiège et nous obsède. Et pourtant je ne peux pas évoquer le questionnement  qui désormais remplir nos médias : Quels sont les changements dans notre vie sociale, politique, économique auxquels nous devons nous attendre quand ce fléau sera derrière nous ? Encore une fois : « Qu’allons-nous faire ou devenir demain ? » Et chacun y va de sa petite prophétie. Mais rien ne changera si le cœur ne change pas lui aussi.

Pierre en aurait dit autant de notre Eglise. Elle retombera dans ses ornières et sa routine - ou dans ses scandales - si nous ne permettons pas à l’Esprit d’infuser en elle une vie nouvelle.

Faisons-lui confiance et tournons-nous vers un avenir qui pourrait être surprenant et même radieux.

fr. Guy Musy

Vitrail de la chapelle des Pénitents blancs de Montpellier (photo : Penitents blancs, Wikimedia Commons)

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