Quel talent !

On connaît bien la parabole des talents. On l’a entendue dimanche dans la version de Matthieu - notre frère Guy nous en a donné un commentaire percutant : Qu’as-tu fait de ton héritage ? – et nous la réentendons aujourd’hui dans la version de Luc, avec la même conclusion.

Trois serviteurs d’un même maître : deux attitudes différentes : les deux premiers l’honorent en doublant la mise ; le troisième, redoutant son maître, ne veut rien lui devoir et lui restitue son bien.

Ce qui m’intéresse tout particulièrement dans cette parabole, c’est la réponse de ce noble Maître à son serviteur qui le redoute : « Je vais te juger sur tes paroles ! »

N’est-ce pas notre regard sur l’autre qui conditionne notre comportement ? Ce type ne m’inspire pas confiance… alors je ne lui fais pas confiance… Mais le jour où j’apprends son histoire et à le connaître, il peut me devenir sympathique et devenir un ami. Cela m’est arrivé… plusieurs fois… Méfions-nous de nos jugements hâtifs sur les autres…

Il en est de même avec Dieu : si je le crains, Lui et son jugement, je ne peux pas lui faire confiance. Si je crois en son Amour et sa miséricorde, je le touche à son point faible, il me touche au mien et une vraie relation de confiance peut naître et grandir entre nous.

« Je vais te juger sur tes paroles ! » : tu m’as enfermé dans ton idée, et non dans ce que je suis ; je ne peux donc être pour toi que tel que tu me vois.

Et au final, ce n’est pas Dieu qui nous juge, mais l’idée que nous avons de Lui. Nous devenons notre propre juge, prisonnier de la caricature que nous nous sommes faite de Dieu, puisque Jésus n’est pas venu pour juger le monde mais bien pour le sauver (Jn 3, 17).

Oui, quel talent, ce Jésus, pour nous inviter à changer notre regard sur Dieu, sur les autres et sur nous-même.

fr. Philippe Jeannin