Quelle est ma vocation aujourd’hui ?

Méditation du frère Michel sur l'évangile d'aujourd'hui (Mt 9, 35 – 10, 1.5a.6-8)

Un regard, un regard qui vient du plus profond des entrailles sur une foule tourmentée, gisant prostrée, sidérée…Jésus est pris de compassion au plus profond de lui-même, car il sait que l’ultime guérison, celle de l’unité des hommes en Dieu n’est pas encore faite. La mission qu’il a reçue du Père n’est pas nouvelle, elle est déjà annoncée par les prophètes. Pensons seulement à Ezéchiel qui nous rapporte les paroles de Yaveh  « Voici que j’aurai soin moi-même de mon troupeau et je m’en occuperai » (Ezéchiel 34,11). Mais aujourd’hui avec Matthieu, Jésus va plus loin puisque par la puissance de son Esprit, il va désormais confier aux hommes sa mission et c’est bien le sens de cette parole adressée aux disciples : « La moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson ». Dieu a besoin de nous !

Alors que fait Jésus ? Au-delà de son émotion aussi forte soit-elle, il agit, il appelle ses disciples, les nomme et les envoie en mission en leur donnant de participer à son autorité.

Arrêtons-nous là et regardons comment notre vie d’homme et de femme touchée un jour, par le regard du Seigneur d’une manière qui nous est personnelle, est concernée par cette parole.

Tout d’abord qui sont ces « Douze » ?

Ils appartiennent à leur peuple. Ils ne sont pas choisis pour leurs qualités humaines ou leurs capacités humaines, mais uniquement par grâce parce que Dieu construit son royaume au cœur de notre humanité. On a entre autres, un publicain considéré comme pécheur public, traître à la cause juive, car collaborant avec l’occupant mais aussi un zélote, adversaire acharné des Romains…et puis celui qui livra Jésus. Voilà une communauté bien humaine avec ses incompréhensions et ses oppositions, mais aussi déjà investie de l’autorité du Fils. Cette communauté apparaît en fait, à l’image de ce Royaume que Jésus mène à son accomplissement à travers les vicissitudes de l’histoire des hommes.

Nous sommes, vous et moi, les héritiers de cette communauté et lorsque Jésus leur « donna le pouvoir d’expulser les esprits mauvais et de guérir toute maladie et toute infirmité », il leur donna en un mot le pouvoir de donner la vie, le pouvoir de donner Sa vie parce qu’eux-mêmes dans le secret de leur existence, ils se sont laissés saisir et transformer par le Christ. Ils ont accueilli la vie de Dieu. Ils ont accepté de prendre un autre chemin que celui qu’ils avaient imaginé. Ils ont pris le risque de le suivre. Un jour, ils ont dit, oui…

Dieu les a choisis indépendamment de leurs fragilités, jusqu’au reniement de Pierre et la trahison ultime de Juda. Il leur a fait confiance jusqu’au plus secret de leur histoire. Tout le Nouveau Testament nous en fait le témoin. Leur existence comme la nôtre est souvent marquée par le doute, la peur, l’incompréhension. Mais malgré tout cela, eux, ils n’ont pas hésité à ouvrir leur cœur à la grâce et à se laisser progressivement convertir.

Alors, pourquoi, aussi peu d’ouvriers, pourquoi Jésus nous demande-t-il de  « …prier le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson » ?

Les choses ont-elles changé depuis le temps Jésus ? Non, L’homme est toujours en quête d’amour, de paix et de sens et le royaume continue à se construire, quand bien même en doutons-nous. Bien sûr, le monde a changé, mais l’Esprit est toujours là au cœur de chacune et chacun. Les évènements que nous vivons depuis 10 mois sont aussi les lieux de cette Parole qui nous appelle. Pourquoi avons-nous du mal à l’entendre ?

De quoi avons-nous peur ? « Je suis le chemin, la vérité et la vie » nous dit-il ? Jésus nous invite à un mouvement intérieur et à passer à l’action en fonction de notre histoire personnelle. Nous sommes appelés à regarder en nous et à croire que Dieu construit là, où nous sommes le plus fragile, à condition de le laisser faire.

N’ayons pas peur de parler de vocations sous toutes ses formes, celle de tout baptisé à rendre compte de la vie qui est en nous, lieu d’amour et d’amitié.

Laissons-nous interpeller, jeunes et moins jeunes sur le sens de notre vocation de chrétien, comme marié, célibataire, prêtre ou religieux-se… Prenons conscience de ce que nous faisons, mais aussi de ce que nous pourrions faire…

Jésus nous appelle à prendre soin de nous-mêmes et des autres, à se faire ouvriers de la première ou de la dernière heure, à être des artisans de l’espérance et des compagnons de la miséricorde.

Alors, en ce Temps de l’Avent, comme nous le dit Isaïe : « Tes oreilles entendront derrière toi une parole : « Voici le chemin, prends-le ! », et cela, que tu ailles à droite ou à gauche. » (Is, 30,26).

fr. Michel Fontaine

Vocation des apôtres Pierre et André, Spoleto, église San Pietro fuori le mura (photo: Wikipedia)

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