Solennité du Christ Roi de l'univers

Homélie du frère Michel Fontaine de la communauté de Genève

Nous ne sommes pas très à l’aise avec cette dénomination de Christ-Roi qui remonte à une encyclique de Pie XI (11.12.1925). 

Pourtant les choix de l’Ecriture de ce dimanche qui clôt l’année liturgique, sont bien identifiés en fonction de la fête du Christ-Roi.

Le livre de Samuel rappelle les origines de l’attente du Messie, issu de la Maison de David.

Paul dans sa Lettre aux Colossiens formule une hymne que l’on chante d’ailleurs au Christ, en qui tout s’accomplit et à qui la royauté universelle est reconnue.

L’évangile de Luc vient s’inscrire entre ces deux lectures comme un tout.

Mais l’attente d’un Messie terrestre, d’un roi victorieux et puissant s’étiole rapidement devant la réalité d’un Sauveur crucifié.

Tout bascule, le roi est un Seigneur humilié, impuissant, totalement marginalisé, incapable de se sauver lui-même parce que Tout en Lui, Tout de Lui, Tout par Lui, est dans la main du Père « Père , je remets mon esprit entre tes mains » (Luc 23, 46).

Nous entrons ici par cette célébration dans le mystère du Salut : Seul Dieu, le Père dispose de tout mais Jésus peut sauver ceux que le « Père a tiré du monde pour le lui donner » (Jn 17, 6).

Nous sommes au cœur de la mission de Jésus « …je suis venu chercher et sauver tout ce qui était perdu » (Lc 19, 10) et cela se réalise jusque dans les derniers et ultimes moment de l’existence : « Je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis » (v.43)

Cette parole est fondamentale pour notre foi. Elle nous rappelle combien la justice de Dieu n’est pas celle des hommes. Elle nous rappelle que Dieu seul peut saisir la complexité de nos situations et ouvrir une lumière, un espace, une liberté, là où la société, voire nos communautés, auraient porté un jugement définitif.

Au plus profond d’une désespérance qui peut entrainer la mort (suicide), une présence libératrice, une espérance, une promesse, une Lumière permet d’ouvrir un espace d’accueil de foi, alors que tout peut paraître irréversible.

La prière, l’attention à l’autre, l’ouverture d’une communauté qui porte la souffrance d’un frère ou d’une sœur peuvent être cet espace d’accueil de foi et apporter la paix…

Oui, nous sommes vraiment par ces quelques versets de l’évangéliste Luc plongés dans la réalité la plus forte de la Bonne Nouvelle.

Un commentateur ira jusqu’à dire que ces 10 versets chez Luc sont en eux-mêmes un « petit évangile ».

C’est l’aujourd’hui de la Bonne Nouvelle, c’est-à-dire du Salut.

Cette Bonne Nouvelle vient creuser dans chacune de nos histoires de vie, quelles qu’elles soient, un chemin ou l’Espérance n’est plus jamais absente.

Jésus sur la croix, humilié et impuissant aux yeux des hommes, en répondant à l’un des malfaiteurs « aujourd’hui, en vérité, je te le dis, tu seras avec moi dans le paradis », nous fait comprendre que la seule royauté que nous célébrons ce dimanche, est celle de la conviction et de l’innocence. Là est la manifestation même de la royauté du Christ.

C’est vrai comme le rappelle le théologien Christian Duquoc, un de nos frères, : «  Le lieu de la Royauté est ce paradoxe : Jésus ouvre à toutes les promesses et n’en réalise, par lui-même, aucune ».

Je dirai en prolongeant cette réflexion que Jésus a choisi un chemin qu’il  nous invite à suivre, celui d’être son témoin en vivant au quotidien avec passion, l’accueil de sa Parole encore et toujours plus libératrice…

Alors oui, nous réaliserons avec Lui toutes les promesses. 

Amen.

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