Un Dominicain à Ninive

Ce samedi 16 mars, notre frère irakien Najeeb Michaeel, nouvel évêque chaldéen de Mossoul, nous fait l’honneur de sa visite et partage notre repas. Invité à Genève dans le cadre d’un festival cinématographique consacré à la culture et aux droits humains, l’évêque de « Ninive » parlera des manuscrits de valeur  inestimable qu’il est parvenu à soustraire à la barbarie iconoclaste de Daesh et mettre à l’abri à Erbil en territoire kurde.  

Najeeb Michaeel a pris possession de son siège épiscopal à Mossoul, sa ville natale, dévastée et vidée - pour le moment ? - de sa population chrétienne. La métropole de l’Irak septentrional est désormais occupée par les forces iraniennes shiites et les combattants kurdes sunnites. Notre vénérable église, dite de « L’Horloge », a été transformée par les Djihadistes en prison et en salle de torture. Un gibet se dressait encore il y a peu à l’emplacement de l’autel.  Quel symbole et quelle dérision !

Les perspectives de survie pour les minorités non musulmanes d’Irak demeurent faibles. Mais Mgr Najeeb veut y croire et met toutes ses ressources spirituelles et intellectuelles pour donner corps à ses espoirs.

Notons que la présence dominicaine est très ancienne en Mésopotamie. Sans parler du passage épisodique du frère Riccoldo da Monte di Croce au XIIIe siècle, c’est en 1750 qu’à la demande du pape Benoît XIV que les Frères Prêcheurs prennent pied durablement dans ce qui va devenir l’Irak. Frères italiens d’abord, relayés au siècle suivant par des frères de la Province de France et aujourd’hui par les Dominicains originaires et natifs de ce pays.

Cette histoire à la fois douloureuse et passionnante a été mise en lumière par le frère Jean-Marie Mérigoux dans deux livres parus aux Editions du Cerf :

- Va à Ninive. Un dialogue avec l’Irak, Mossoul et les villages chrétiens, Paris 2000.

- Vers d’autres « Ninive ». Lettres 1985 – 2010, Paris 2013.

Mentionnons aussi l’ouvrage du frère Jacques Rhétoré : Les chrétiens aux bêtes. Souvenirs de la guerre sainte proclamée par les Turcs contre les chrétiens en 1915, Cerf, Paris 2005, et, pour les érudits, le « Contra legem Sarracenorum » du frère Riccoldo da Monte di Croce, paru dans Memorie domenicane 1986, traduit et commenté par le frère Jean-Marie Mérigoux.

(Communiqué du frère Guy Musy)