Un jeune liturgiste dominicain en visite à Genève

Le frère Antoine Odendall prépare sa conférence « Mystère et Sacrifice » à la Paroisse St-Paul pour ce mercredi 19 avril

Membre de la Province de Toulouse de notre Ordre, le frère Antoine Odendall est chantre du couvent de Marseille. Il a fait des études de philosophie (à l'Institut Catholique de Toulouse) et de liturgie (à l’Institut Supérieur de Liturgie de l'Institut Catholique de Paris). Il est le nouveau responsable de la pastorale liturgique pour le diocèse de Marseille.

Frère Antoine est venu à Genève cette semaine pour donner une conférence synthétique intitulée « Mystère et Sacrifice » dans le cadre du cycle « La liturgie : trésor inconnu » commencé dans notre paroisse cet automne par le frère Nicolas-Jean Porret.

Le frère Antoine a eu la gentillesse de nous accorder une brève interview :

La rédaction : Frère Antoine, bienvenue !

Frère Antone Odendall : Merci !

Réd. : Tu es venu nous présenter une conférence sur la liturgie de l’Église. Que penses-tu pouvoir éclaircir pour notre communauté  paroissiale demain soir ?

AO : J'aimerais tout d'abord apporter un peu de lumière sur deux événements récents : la nouvelle traduction du missel en français, qui date de 2021, et le document du Pape François Desiderio desideravi, qui date de juin 2022.

La nouvelle traduction du missel utilise très souvent le mot « mystère ». Le Pape nous invite à entrer dans la liturgie comme dans une action qui nous rejoint dans notre aujourd'hui. Le mot « mystère » est souvent mal compris : il désigne le cœur de la liturgie, qui est de vivre le salut que Dieu nous donne.

Pour vivre le mystère, le Saint Père nous invite à redevenir « capables de symboles ». Je voudrais dans la conférence reprendre les grands symboles de la Vigile pascale pour manifester en quoi le mystère de Pâques nous rejoint au cours de la liturgie.

Réd. : Peux-tu nous donner un exemple ?

AO : Lorsque nous suivons le cierge pascal dans l'église plongée dans l'obscurité, il ne s'agit pas d'une procession ordinaire. Nous suivons symboliquement la colonne de feu qui nous guide vers la Terre promise, comme les Hébreux l'ont fait dans le livre de l'Exode.

Ensuite, le baptême et l'aspersion qui se passent pendant la Vigile font tous deux intervenir l'eau. Ceci est pour nous une mémoire de la traversée de la Mer Rouge. Le symbole de l’eau, et surtout la plongée dans l’eau des nouveaux-baptisés, rappelle aussi la descente du Christ au tombeau et sa résurrection.

Tous ces symboles rendent ces événements à nouveau présents, non pas comme des souvenirs, mais comme des réalités vivantes qui nous sanctifient. C’est cela, vivre la liturgie comme un mystère.

J’aime bien citer saint Cyrille de Jérusalem (313-386 après J.-C.), qui a écrit en parlant à des tout jeunes baptisés :

 Chose étrange et incroyable ! Nous n'avons pas été véritablement morts ni véritablement ensevelis, et nous sommes ressuscités sans être véritablement crucifiés. Si la représentation ne réalise qu'une image, le salut, lui, est véritable. 

Les baptisées sont vraiment morts et ressuscités en Christ, même si ils ne l’ont vu qu’en figure. J'aimerais aider ceux et celles qui assistent à ma conférence à ressentir cette actualité et cette réalité de la liturgie.

Réd. : Pourquoi as-tu choisi la liturgie comme lieu de spécialisation ?

AO : (rires) Parce que j'ai toujours été déçu par mes cours de liturgie. Je trouvais en général qu’ils avaient tendance à se concentrer uniquement sur le développement historique des rites et à ne pas avoir de lien avec ce que nous vivons aujourd'hui. Très personnellement, la liturgie fut le lieu privilégié de ma rencontre avec Dieu.

Réd. : Que dirais-tu à ceux qui disent que la liturgie est ennuyeuse ?

AO : Malheureusement, ils ont souvent raison. Mais le pape appelle dans son document tous les acteurs de la liturgie – les prêtres, mais aussi les chantres, les lecteurs, et les servants d’autel – à un réel effort de formation. Il nous appelle à travailler pour que nos liturgies soient mieux soignées. Mais c'est aussi la tâche de chaque croyant de se former pour mieux entrer dans le sens de la liturgie. Comme Église, ensemble, nous pouvons redevenir « capables de symboles » (Desiderio desideravi 44).

Réd. : Comment vois-tu l'avenir de la liturgie dans notre culture ?

Je vis maintenant au sud de la France. Je suis proche des groupes de jeunes (étudiants universitaires et jeunes professionnels). Je constate que les jeunes n'acceptent plus une liturgie qui n'est pas suffisamment verticale ou pas suffisamment orientée vers Dieu. Les différences que l'on peut constater parfois dans nos liturgies tiennent moins, je dirais, au langage utilisé ou à la manière dont le prêtre est vêtu, mais plutôt au sentiment de la présence de Dieu. C’est cette présence qui devrait agir dans et à travers les rites liturgiques.

Si les fidèles, avec le prêtre, dirigent vraiment leurs cœurs vers Dieu pendant une liturgie, et si la liturgie les unit les uns avec les autres, alors la liturgie offre le meilleur d’elle-même. Au contraire, si une liturgie est le lieu des règlements de comptes ou de telle ou telle dissension, si la présence de Dieu est difficilement perceptible, alors cette liturgie ne remplit pas son office.

Réd. : A quel public est destinée ta conférence de demain ?

AO : Toute personne désireuse de mieux comprendre la liturgie et d'y participer est la bienvenue ce mercredi soir. De même, ceux qui souhaitent des explications sur la nouvelle traduction du missel, et ceux qui voudraient entrer dans l'intelligence du dernier document de notre Pape trouveront certainement matière à réflexion lors de notre rencontre.

Réd. : Merci, frère Antoine, et à demain !

AO : Merci !

Le frère Antoine Odendall présentera sa conférence « Mystère et Sacrifice » à la paroisse St-Paul le mercredi soir 19 avril, à 20h15 à la salle paroissiale. Tous sont les bienvenus.

***

20 avril 2023

Mise à jour

Merci d'être venus nombreux hier soir à la conférence de notre frère Antoine Odendall de la Province de Toulouse. Beaucoup d'entre nous ont été ravis d'une présentation qui mêlait l'information à la réflexion spirituelle et à l'humour.

Nous remercions le frère Antoine d'avoir fait le déplacement pour nous rendre visite et nous nous réjouissons d'une prochaine rencontre.

Le frère Antoine Odendall (photos pour cet article : la rédaction)

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