Un rabbin dans la salle paroissiale

Hier soir, les membres de la fraternité laïque dominicaine de Genève ont eu le plaisir d'accueillir le rabbin François Garaï pour nous parler des prochaines fêtes juives, qui débutent ce dimanche.

Né en 1945 à Paris, M. Garaï reçoit le titre de rabbin en juin 1968. Il devient le premier rabbin libéral en Suisse au sein de la English Speaking Jewish Community. En 1970 il fonde la communauté libérale francophone : GIL (Communauté israélite libérale de Genève). Il participe à la création de plusieurs communautés libérales en France (Marseille, Lyon, Grenoble, Strasbourg) et à celle de la Fédération du judaïsme libéral. Il a publié Le monde des Mitzvot ainsi que Le Monde de l’Ethique et a dirigé la publication de livres de prières journalières et des Grandes Fêtes. Il a présidé le Bureau européen du Mouvement pour le judaïsme libéral et a participé à la création de la Plateforme inter-religieuse de Genève.

La paroisse St-Paul à Cologny a une relation avec le rabbin depuis des années. Sa synagogue, inaugurée en 2010, n'est qu'à quelques centaines de mètres de notre église. Dans les années passées, avant la pandémie, des membres de la fraternité étaient invités, par exemple, à manger dans la soucca ou cabane erigée par nos voisins pour la joyeuse fête de Souccot au mois d'octobre.

C'est en effet de Souccot et des autres grandes fêtes juives d'automne que le rabbin s'est adressé à notre fraternité. 

Environ 15 membres de notre fraternité étaient présents à une table ronde avec le rabbin dans la salle paroissiale. Nous avons pris des notes avec empressement pendant qu'il nous expliquait certains des faits de base sur les principales fêtes juives de cette saison : ‎Roch Hachana, le nouvel an juif, Yom Kippour, le jour de l'expiation, Souccot, une fête qui rappelle le temps que le peuple d'Israël a passé dans le désert, et enfin ‎Sim'hat Torah (hébreu שמחת תורה « joie de la Torah »), le jour qui marque la conclusion de la lecture du cycle annuel des portions de la Torah dans la synagogue.

Pour beaucoup d'entre nous, c'était un premier contact avec la richesse de la tradition juive. Nous avons particulièrement apprécié les aperçus théologiques qui sont attachés aux divers symboles et prières que le peuple juif a associés à ses fêtes. Par exemple, nous avons appris que le toit de la cabane érigée pour Souccot doit être fait de matière végétale comme des branches d'arbres, et que ces branches ne doivent pas être disposées si serrées qu'on ne puisse pas voir le ciel à travers elles. En même temps, le toit ne doit pas être aussi ouvert qu'à midi la lumière du soleil couvre plus de la moitié de l'intérieur. Ceci, a expliqué le rabbin, est symbolique à la fois de la fragilité de notre existence ici sur terre, et aussi du fait que nous sommes capables d'utiliser les dons de la création pour nous faire un abri.

Après sa présentation très claire de ces quatre fêtes, le rabbin a répondu à nos questions qui couvraient toutes sortes de sujets allant du rôle de la femme dans les différents courants du judaïsme contemporain aux lois de l'alimentation casher et aux ressources bibliographiques pour les chrétiens qui souhaitent en savoir plus sur le judaïsme.

C'était une vraie joie de renouer nos liens avec notre voisin après une période de séparation imposée par la pandémie. Bien que l'on puisse en apprendre davantage sur le judaïsme à partir de nombreux livres et articles, ce fut un privilège d'apprendre directement d'un rabbin, et surtout d'un rabbin qui est capable d'expliquer si clairement sa tradition à ceux qui viennent d'une autre.

Nous remercions le rabbin François pour sa visite et nous attendons avec impatience plus de coopération et de visites mutuelles à l'avenir.

— rapport du frère Erik Ross