Vendredi Saint : avançons avec assurance vers le Trône de la grâce

L'homélie du frère Philippe Jeannin

Vous les avez entendues comme moi, ces trois paroles de Jésus, dans le récit de la passion que vous venons d’entendre : Qui cherchez-vous ? — J’ai soif ! — Tout est accompli.

Elles résonnent en moi… parce qu’elles m’interpellent. Elles ne font plus de moi un simple auditeur de ce récit émouvant, poignant, terrible… Elles m’invitent à rejoindre Jésus dans sa passion.

« Qui cherchez-vous ? » Question plus profonde qu’il n’y paraît. Les soldats et les gardes, envoyés par les grands-prêtres, ne cherchent que Jésus, le Nazaréen, un simple citoyen qu’ils ont mission d’arrêter. Mais nous, qui cherchons-nous ?

Qui sommes-nous venus contempler cet après-midi ? Qui, que sommes-nous venus chercher ? Jésus ? le Messie ? le Sauveur ? le Fils de Dieu ? l’envoyé du Père ? « Pour vous, qui suis-je ? » essaie-t-il peut-être encore de nous dire, à cette heure, du haut de sa croix ? Peut-être a-t-il encore la force de penser : « Maintenant que vous me voyez dans cet état, nu, flagellé, ensanglanté, ridiculisé, torturé, écartelé comme un bandit… N’avez-vous pas envie de fuir, vous aussi ? de me trahir ? de me renier ? Ou bien, comme Jean, comme ces femmes, comme ma mère, voulez-vous, par votre présence, soulager ma douleur, m’accompagner jusqu’au bout ? » À chacun sa réponse… 

« J’ai soif ! » C’est l’heure de midi, non plus comme au bord d’un puits en Samarie mais la même hostilité. Et personne pour lui puiser de l’eau… Juste une éponge remplie de vinaigre qu’on lui met sous la bouche… Hier soir encore, il prenait la coupe et offrait le vin de l’alliance nouvelle et éternelle… et cet après-midi, on ne lui tend que du vinaigre. Est-ce bien de cela dont tu as soif, Seigneur ? Ou bien de ma présence, de mon soutien, de mon amour ? Ou encore soif de reconnaissance : non pas une vaine gloire, tu es bien mal placé pour l’espérer, mais soif que tout, comme le Centurion, reconnaissent en toi, à ce moment-là, sur la Croix, le Fils de Dieu ! (Mt 27, 54)

« Tout est accompli ! » Qu’y a-t-il dans ce « tout » ? Qu’englobe-t-il ? À l’adresse de qui Jésus prononce-t-il ces mots ? À son Père, comme pour lui dire « Mission accomplie » ? Pour lui-même, avec le sentiment d’être arrivé au terme de sa mission, comme on dit : « Ça y est ! c’est fait ! » Pour les soldats, comme pour leur dire : « Vous avez bien fait votre travail ! » ? Pour nous, ce soir, comme pour nous dire : « J’ai tout accompli pour vous, vous n’avez plus rien à faire, à ajouter, sinon à recueillir le fruit de mon sacrifice, de mon offrande ? » Ou comme un cri qui résonnera jusqu’à la fin du monde pour que tout homme, de toutes races, langues peuples et nations apprenne que Jésus a accompli pour l’humanité, une fois pour toutes, ce qu’aucun autre ne pouvait faire : la sauver !

Que ces mots ne cessent de résonner dans notre cœur, dans notre vie, tandis que nous suivons la recommandation de la lettre aux Hébreux : « Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. » (Hb 4, 16).

Cette croix, devant nous, est pour nous le Trône de la grâce.

Cette homélie a été prononcée à l'église St-Paul le 2 avril 2021.

La crucifixion su Seigneur (détail), Jan Van Eyck, 1430-1440. Wikipédia.

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