Ai-je rêvé dans la nuit?

Raphaël Buyse : Il n’y a que les fous pour être sages, ed. Salvator 2022, 116 pages

Je dédie ce livre aux gens trop sérieux qui du reste ne liront jamais les propos de l’Abbé Raphaël Buyse, un prêtre diocésain de Lille, si proche de la pensée et de l’aventure spirituelle de Madeleine Delbrël.

Quelques pages à la fois simples et déconcertantes qui nous ramènent au cœur de l’évangile et de ses provocations. Cet auteur a fait ses preuves à travers la publication d’essais, très brefs, agréable à lire grâce au support d’une typographie adaptée à des yeux fatigués.

J’en conseille vivement la lecture à ceux et celles désireux de sortir des ornières synodales pour imaginer et réaliser ce qui paraît l’impossible. A leur intention, je cite l’exorde de la publication qui leur donnera l’envie de la lire en son entier :   

« Ai-je rêvé dans la nuit? Je n’en suis pas certain. J'ai entendu le bon Dieu me murmurer :

« Pour être vrai, et pour que tu mènes bien ta vie, il faut que tu saches que je n’aime pas trop les gens sages. Comprends bien ce que je veux dire: les gens qui se croient sages. Ceux qui obéissent à ce qu'ils croient être mes ordres, sans jamais se poser de questions, ceux qui croient tout ce qu'on leur dit sans chercher à comprendre, ceux qui ont peur de la révolte et des remises en cause, ceux qui marchent au pas d'une façon systématique, ceux qui se laissent toujours faire, ceux qui croient tout bien faire, ceux qui ne bronchent jamais, ceux qui ne s'indignent pas parce qu'ils pensent que cela ne se fait pas. Ils sont tellement nombreux!

Je n'aime pas trop non plus – et pourtant, je devrais ... – ces gens sérieux qui me font des sourires de vieilles cousines, ceux qui marchent dans les églises à pas feutrés par crainte de me réveiller. Et je plains de tout mon cœur tous ceux qui croient me faire plaisir en s'oubliant eux-mêmes.

Et pour tout dire, je ne suis pas à l'aise avec les gens trop pieux et les béni-oui-oui qui se confisent en dévotion. Je ne supporte pas que l'on rampe à plat ventre devant moi et que l'on dise avec des mots tout faits ce que l'on croit devoir dire pour être dans les clous. Tous ceux-là se croient sages, mais en tait ils sont sots. Alors, debout, mon gars!

La sagesse que je partage sans compter a qui veut bien se laisser faire, dit Dieu en souriant, c'est un petit grain de folie. Je dois dire que j’ai toujours aimé la fantaisie.

La sagesse que j’aime, elle est passage. Elle est folie... Elle a couleur de Pâque. Je mets tout à l'envers. » (p. 9-10)