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Aimer les enfants des autres

  • Fr. Guy

Un film récent provocateur

Après des mois de sevrage, je me glisse dans une salle de cinéma de quartier. Au programme : « Les enfants des autres ». La dernière production, très remarquée, de Rebecca Zlotowski, une jeune réalisatrice française d’origine juive, comme son nom et le décor de son film l’attestent. Elle fait même tenir à son père le rôle d’un vieux rabbin et l’ambiance est celle de Kippur.

Mais là s’arrêtent les parallèles. Le sujet du film - je l’imagine - est commun à toutes les femmes. Plus précisément, à leur désir profond de devenir mère. Même si l’âge et les aléas de la vie leur interdisent cette perspective. Demeure alors la possibilité de devenir mère d’un enfant déjà mis au monde par une autre femme.

Même si l’argument du film est développé dans un contexte à mes yeux trop décousu pour que je puisse en suivre et saisir tous les détails, je trouve l’entreprise surprenante et audacieuse. La maternité désirée peut donc être de nos jours un thème traité ostensiblement. J’applaudis le courage de la réalisatrice dont le prénom rappelle celui d’une matriarche biblique dont la maternité fut aux origines de celle de Marie qui nous donna un certain Jésus. Et quand j’apprends que le personnage qui tient le rôle principal du film est une femme de 40 ans qui s’appelle Rachel, alors mon cœur chavire. Rachel me renvoie à l’évangile de Matthieu (2,17) : « Une voix dans Rama s’est fait entendre, des pleurs et une longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, parce qu’ils ne sont plus ». La Rachel du film ne pleure pas ses enfants morts, mais ceux qu’elle n’a pas mis au monde. Mais un recours s’ouvre à elle et séchera ses larmes : elle peut aimer « les enfants des autres ».

Bien sûr, je connais et approuve la thèse affirmant que l’enfant doit être désiré pour lui-même. Mais que vaut ce désir s’il ne provient pas du cœur d’une femme qui souhaite vraiment lui donner la vie? Si la « nature » ou d’autres obstacles le lui interdisent, pourquoi son désir ne s’épanouirait-il pas dans l’amour porté aux «enfants des autres » ? De préférence, aux mal aimés et aux oubliés.

Ce que le film dit sur la maternité des femmes pourrait bien sûr être traduit au masculin. Avec les nuances qui s’imposent.

Et que dire alors du célibat - volontaire - des religieux et religieuses qui n’étouffe pas pour autant leur aptitude à devenir père ou mère ? Quel sens lui donnent-ils pour ne pas atrophier cette puissance de vie ? Un film ne saurait suffire à en rendre compte. Mieux vaut les laisser parler et les écouter.

Mère et enfant, Pablo Picasso, c. 1901 (image : Peter E/Flickr)

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