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Akira Mizubayashi
- Fr. Guy
L’auteur de ce roman de 238 pages, paru chez Gallimard en 2019, est un écrivain japonais capable de rédiger ses œuvres dans notre langue sans recourir au service d’un traducteur.
Mizubayashi est né en 1951, six ans après l’explosion de la bombe atomique qui détruisit Hiroshima et mit fin à la dictature militaire, nationaliste et expansionniste, qui entraîna dans sa dérive l’empire du Soleil levant.
Ces horreurs marquèrent l’auteur qui exprime à travers les deux personnages-clefs de son roman, le professeur Yu et son fils Rei, son dégoût du fanatisme nationaliste et son adhésion aux valeurs universelles incarnées par la littérature et surtout par la musique. Ce sont précisément Bach et Schubert, et leurs interprètes, qui vont ressusciter l’âme que la bestialité de la guerre a brisée.
Tout se joue en effet autour de deux célèbres pièces musicales : Le Quatuor à cordes Rosamunde de Schubert et La Gavotte en rondeau de Jean-Sébastien Bach. La première interprétation de ces deux œuvres fut vécue tragiquement à Tokyo en 1938 et la seconde, glorieuse et triomphale, en 2004 à la salle Pleyel de Paris. Plus de soixante années séparent ces deux « concerts ». Une longue période pour permettre à un enfant japonais orphelin de guerre de se refaire une âme, de ressusciter celle d’êtres chers disparus et surtout de faire à nouveau vibrer l’âme du violon de son père piétiné par les bottes d’un animal à figure humaine.
Un roman émouvant, d’une extrême sensibilité pudiquement exprimée, conforme à l’âme d’un peuple à la fois si proche et si éloigné de nous.
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