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Alexandre Jollien au cinéma

  • Fr. Guy

La pantomime du sage

Je renoue avec le cinéma, un loisir plaisant et culturel que la pandémie avait éloigné de mes yeux. Dans une salle quasi déserte, je visionne Presque, une réalisation de Bernard Campan et d’Alexandre Jollien. Ces deux amis deviennent deux complices dans une comédie cinématographique dont ils assument les rôles vedettes.

Bernard, Louis dans le film, est directeur d’une entreprise de pompes funèbres lausannoises et Alexandre, ou Igor, transporte sur son tricycle des produits bio. Un accident de circulation sans gravité les fait se rencontrer.

Et c’est le début d’une aventure drôle et amicale entre les deux compères, le transporteur prenant le plus souvent l’initiative du jeu.

Je ne dévoilerai pas davantage les épisodes tour à tour touchants et rocambolesques de ce film pour ne pas gâter le plaisir de celui ou celle qui le visionnerait après moi.

J’avoue à ma honte ne rien savoir du nom et des activités artistiques de Bernard Campan. Le film m’a fait découvrir au passage son talent. Je n’en dirai pas autant de son partenaire Alexandre Jollien dont je tente de suivre la parcours littéraire depuis son premier livre « Eloge de la faiblesse » paru en 1999, jusqu’à ce film récent où ce philosophe valaisan handicapé s’essaye au métier d’acteur. Une première qui est un coup de maître, serais-je tenté d’ajouter. 

Alexandre Jollien, aujourd’hui marié et père de deux enfants, revient souvent sur son handicap moteur-cérébral dû à un accident lors de son accouchement. Ce grave incident lui valut de passer dix-sept ans dans une institution spécialisée.

Mais son intelligence remarquable et remarquée lui permit par la suite d’entreprendre à l’université de Fribourg des études de philosophie qui l’amenèrent à dépasser les discrimination dont il pourrait être l’objet ou, du moins, à les relativiser. A son secours aussi, l’humour qui est la marque des grands esprits.

Parmi les philosophes, ll choisit ses maîtres, mais sans devenir l’esclave d’aucun. Faisant son miel de toute fleur, Aristote, Spinoza, Nietzsche, Epicure, Epictète, Bouddha et bien d’autres encore lui indiquent ce qui constitue l’humain dans toute sa dignité. 

« L’homme est l’ami de l’homme », répétait l’un de ces vieux sages. Alexandre, convaincu de la vérité de cet axiome, veut toutefois le vérifier dans sa vie d’handicapé.

D’où son entrée dans l’univers du cinéma. Sans doute, un défi que notre philosophe se donne, désireux se prouver à lui-même qu’il en est capable. Plus encore, il pense découvrir au cinéma un terrain plus vaste et plus favorable que ses écrits pour transmettre sa sagesse de vie. Rien d’humain ne lui est donc étranger. Même pas les quelques rares scènes débiles ou triviales que lui reprocheront des admirateurs plus habitués au débat d’idées qu’à la banalité de satisfaire aux besoins élémentaires.

Mais c’est aussi à ce stade que l’homme se révèle, dans sa grandeur et sa faiblesse. C’est à cet humble niveau que Jollien nous convie. Non plus seulement pour en parler, mais pour se donner lui-même en spectacle.

cineforom.ch

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