Antigone
- Fr. Guy
Christophe Büchi, Revoir Antigone. Trait libre. Echo Magazine, 4 -13 février 2025, page 9.
Connaissez-vous Antigone ? J’étais jeune adolescent lorsque, pour la première fois de ma vie, j’entendis parler de cette héroïne grecque mise en scène par le célèbre tragédien Sophocle. Mes cousins et cousines m’avaient invité à prendre part aux Arènes d’Avenches à une représentation d’« Antigone » dans la version de l’écrivain français Jean Anouilh. Attentif au décor davantage qu’au contenu de cette pièce dramatique, je ne perçus point ce soir-là son enjeu. Je ne le découvris que beaucoup plus tard. Depuis lors, une traduction de ce chef-d’œuvre littéraire figurait dans une travée de mon ancienne bibliothèque, aux côtés de la « Traduction Œcuménique de la Bible », de la version du Coran de Régis Blachère et de l’épopée de Gilgamesh. Un choix assurément subjectif, mais dont le contenu me ramène aux sources profondes de notre humanité commune.
Le journaliste Christophe Büchi, auteur du « Trait Libre » dont il est question dans ce blog, a eu la chance non seulement de relire « Antigone », mais de revoir récemment cette pièce dramatique, qui fut montée en scène par Sophocle à Athènes en 442 avant notre ère. Il est question d’une jeune femme, Antigone précisément, qui a choisi de désobéir à l’ordre du roi Créon interdisant d’enterrer Polynice, le frère de la jeune femme, sous prétexte qu’il s’était opposé à la prise de pouvoir de Créon.
Selon les époques, diverses interprétations ont été avancées sur le sens et la portée du geste d’Antigone. Certains le jugent insensé, d’autres sublime. En particulier, les mots lancés par Antigone à sa sœur : « Tu as choisi de vivre, moi de mourir. » Une déclaration qui a été parfois comprise et traduite par ces mots édifiants : « Je ne suis pas née pour partager la haine, mais l’amour. »
On ne s’étonnera donc pas que notre héroïne fut considérée au fil des âges comme une révolutionnaire qui défend les droits humains, tandis que d’autres la considèrent comme une adepte du patriarcat familial et religieux, en faisant parfois, avant l’heure, un modèle de martyre chrétien.
Bref, un choix cornélien entre la raison d’État et l’amour fraternel. On ne saura jamais quels furent les motifs réels qui ont conduit Antigone à préférer la mort plutôt qu’à se soumettre à l’ordre public. C’est son choix personnel, donc secret.
Moins secrets sont les motifs du choix de Jésus allant vers sa mort. De même, le choix de tous ceux et celles qui souffrirent parce qu’ils refusèrent des lois dégradantes et inhumaines. Hélas, ils sont encore légion de nos jours. Mais ils ont un avantage dont était dépourvue Antigone : le Christ mort et ressuscité leur sert d’exemple et de modèle. Pour Jésus et ceux qui croient en lui, la mort n’est qu’une étape provisoire, tandis que la victoire de la résurrection figure au programme de l’acte final.
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