Apocalypse now ?

Je n’y échapperai pas. Je me dois d’écrire ces lignes en écho au dernier livre d’Adrien Candiard : « Quelques mots avant l’apocalypse. Lire l’Evangile en temps de crise », un ouvrage paru aux Editions du Cerf l’an dernier. L’auteur précise qu’il y a mis la dernière main le 28 août, en la fête de saint Augustin, un homme et même un évêque qui s’y entendait quand il avait une crise à traverser.

On aura compris : ce petit livre de 120 pages se présente comme un éclairage ou un appui à l’usage de ceux qui sont effrayés par les dysfonctionnements de notre monde et qui se réfugient dans quelques passages « apocalyptiques » contenus dans certains livres bibliques pour constater que la réalisation de ces terribles prédictions est désormais un fait d’actualité. Voilà qui n’est pas la meilleure façon de nous guérir de la déprime générale qui nous envahit.

Le frère Adrien Candiard ne se laisse pas démonter par ces propos désolants. Il relève le défi non pas de rassurer ses lecteurs, mais de leur apprendre à lire autrement ces passages scripturaires difficiles à interpréter. Provocateur, il délaisse l’Apocalypse de Jean pour se concentrer sur les propos apocalyptiques de Jésus lui-même, en particulier ceux rapportés au chapitre 13 de l’évangile de Marc. Il nous étonnera davantage quand il interprétera dans le même sens l’épisode de la guérison d’un possédé, libéré d’une légion d’esprits mauvais qui trouvent refuge dans un troupeau de porcs qui se précipitent dans la mer.

Le frère Candiard n’est pas dupe ni ignorant. Il prend au sérieux les réels dangers qui menacent notre planète et nos sociétés. Mais il n’en découvre pas la description ni la temporalité dans les textes « prophétiques » qu’il nous invite à lire. Ceux-ci pourtant nous permettent de comprendre le sens des malheurs que nous redoutons ou qui nous affligent déjà et, paradoxalement, font revivre une espérance à laquelle nous avions cessé de croire.

Enfin, ce frère dominicain, aujourd’hui prieur du couvent du Caire, nous a habitués à ses productions littéraires, provocantes au premier degré, servies par un style éblouissant où se marient le goût pour la recherche, l’humour et les facéties de l’écrivain et les convictions du « prêcheur ». Feu d’artifice qui ne retombe pas sans avoir impressionné ses spectateurs. Ses lecteurs, en l’occurrence.

Ceux-ci ne seront pas indifférents d’apprendre que l’ouvrage qu’ils tiennent entre les mains a d’abord donné lieu à une conférence de son auteur prononcée au « Collège des Bernardins » de Paris. Un auditoire assurément sérieux et exigeant qui nous engage à lire. Son recenseur ne peut cacher son plaisir et son intérêt à l’avoir parcouru.

Ce blog a déjà fait paraître deux recensions d’ouvrages écrits par le frère Adrien Candiard. On peut s’y référer :

Ethique et Liberté

Quand la religion est malade