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Autel péruvien

  • Fr. Guy

Religion populaire et religion d’élite

Avant le chant des Laudes ou des Vêpres, il m’arrive de me recueillir quelques instants face à un autel péruvien dressé dans un couloir extérieur qui conduit au sous-sol de mon église. Au centre, sur un fond sombre, le « Christo de los milagros » rayonne de clarté. Il est fixé sur sa croix, les bras étendus, le bas du corps enfoui dans un jardin fleuri. L’autel tout entier émerge d’un bosquet de fleurs coupées et de plantes vivaces, régulièrement arrosées et renouvelées.

Manifestement, ce tableau a été peint pour être porté en procession. Tout comme la bannière de saint Martin de Porrès de Lima, plantée à ses côtés.

J’ai ouï dire qu’un groupe de Péruviens résidant à Genève en dissonance avec leur paroisse avaient trouvé refuge dans la nôtre, emportant avec eux ce précieux trophée.

Ce « Christo de los milagros » me ramène sur le plateau andin que j’ai traversé avec intérêt et émotion il y a plus de cinquante ans. Quand je le contemple, je réentends la prière et la plainte des pauvres de cette région, pareils à ceux de Palestine qui criaient vers Jésus quand il passait sur leurs chemins. Rien n’était ni trop beau ni trop cher pour attirer son attention. Même pas cette fiole de parfum de grand prix qu’une femme versa un jour sur sa tête.

Cet autel est relégué à l’ombre d’une église fière de la richesse de son décor architectural et pictural En un mot, de sa classique beauté. A l’image de la foi de ceux qui la fréquentent qui est sobre, prude, réservée, épurée et, pour tout dire, raisonnable.

Serais-je donc moi aussi dans la posture du pharisien qui porte un regard de hautaine pitié vers le publicain qui dans son couloir cherche à ne pas trop se faire remarquer ?

Oublié et relégué, cet autel m’interpelle. Il m’invite à respecter ce que les chrétiens « civilisés » appellent avec une once de mépris « religion populaire ».

La foi des simples parle en images ; celle des raisonneurs use de concepts abstraits. Deux échelles qui se valent puisque toutes deux sont incapables d’atteindre leur objectif. A savoir ce Dieu situé au-delà de toutes nos représentations humaines.

A moins d’en retrouver le visage dans celui de ce Nazaréen dont la foi chrétienne dit qu’il est l’image de Dieu.

 

Galerie de photos :

(photos pour cet article : la rédaction)

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