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Balade pontificale

  • Fr. Guy

François à Genève

21 juin 2018. Jour le plus long de l’année qui vit débarquer à Genève le pape François venu comme « pèlerin ». Deux ans plus tard, un livre-souvenir, richement illustré, paraît aux Editions Slatkine pour rappeler cet événement. Son titre : « Pape et Pèlerin, François à Genève ». L’ouvrage retrace avec minutie les diverses étapes de ce court périple et publie intégralement les trois prises de parole du pape François.

Introduit par le cardinal Kurt Koch qui fut une des chevilles ouvrières de ce « pèlerinage », le livre est rédigé par deux auteurs de confession réformée : la théologienne et historienne genevoise Elise Cairus, et Pierre-Yves Fux qui fut de 2014 à 2018 ambassadeur de Suisse auprès du Saint-Siège. L’autorité et le professionnalisme des auteurs garantissent l’objectivité de leur regard et la vérité des faits qu’ils relatent. Si leur récit respecte le déroulement chronologique de cette visite, ils ne se privent pas toutefois d’enrichir leur relation par des notations éclairantes de leur cru.

La visite à Genève de François fut la quatrième effectuée par un pape à la cité de Calvin, chacune avec son objectif précis et sa tonalité particulière. Il y eut tout d’abord le voyage de Paul VI en 1969, puis ceux de Jean-Paul Ii en 1982 et 1984. La présence à Genève de multiples institutions internationales pouvait justifier ces choix répétés. La rencontre avec le peuple de Dieu de cette cité n’étant qu’un objectif secondaire et adjacent. N’oublions pas qu’en sa qualité de chef d’Etat l’évêque de Rome siège aussi dans ces divers organismes internationaux et que sa mission historique comme sa personne font de lui une autorité morale universelle.

Mais quel fut le sens donné par le pape François à sa venue à Genève ? Incontestablement, François voulait s’associer aux manifestations commémorant le 70ème anniversaire du COE (Conseil Œcuménique des Eglises) dont le siège est à Genève et consacrer à cet événement l’essentiel de sa journée. L’horaire respecta ce programme : deux séances de travail et de prière au siège du Conseil et une pause pour le repas convivial de midi (et la sieste qui suivit !) à l’Institut œcuménique de Bossey, sur les hauts du lac, face au Mt Blanc.

Aucune déclaration fracassante, mais l’amitié et la cordialité liant des chercheurs de Dieu sur la voie ouverte par Jésus-Christ, reconnu par les uns et les autres comme leur unique Seigneur. C’est le mot « rencontre » qu’a retenu François pour qualifier l’ambiance de toute la journée. Tout le reste était « bellissimo » : les contacts, les discussions autour de la table de midi et, bien sûr, le paysage radieux. Aucun nuage ni brouillard n’altéraient le ciel de cette journée.

Quelques esprits chagrins ou avant-gardistes auraient attendu que l’évêque de Rome annonçât ce jour-là l’adhésion de son Eglise comme membre à part entière du COE et qu’au cours de la messe il invitât formellement tous ceux et celles qui y assistaient à s’avancer pour communier, quelles que soient leur appartenance confessionnelle, leur situation matrimoniale et, osons le mot, leur « dignité » ou « indignité ». Rien de tout cela ne se produisit. Mais le paquebot COE est déjà bien chargé de présence catholique. L’investir davantage risquerait de le faire sombrer. Par ailleurs, nul besoin d’une invitation formelle pour s’approcher de la « table sainte ». Pas de meilleure consigne que celle de Paul aux Corinthiens : « Que chacun s’éprouve soi-même avant de manger ce pain et boire à cette coupe »  (I Co 11,28).

Nos deux auteurs, bien informés, ont plaisir à souligner la note « helvétique » de ce déplacement pontifical. Les Valaisans espéraient que François serait des leurs en 2015 pour commémorer le 1.500ème anniversaire de l’Abbaye de Saint-Maurice d’Agaune. Le pape crut mieux faire en 2018 en célébrant en fin de journée une messe pour quelques 37.000 personnes sagement rassemblées à Palexpo, une gigantesque salle d’exposition genevoise dont s’empare chaque année le fameux « Salon de l’automobile ». Nos auteurs se plaisent à décrire dans les moindres détails les tenants et aboutissants de cette célébration sobre et profonde dont la responsabilité reposait sur les épaules de notre frère-évêque Charles Morerod.

En conclusion, citons ce propos sorti de la bouche de François : « Le pape pourrait-il oublier la Suisse, lui qui chaque matin à son lever rencontre un citoyen de ce pays venu le saluer ? » Est-il besoin d’ajouter que les garde-suisses pontificaux furent à l’honneur ce 21 juin 2018 ? A Genève aussi bien qu’à Rome.

Carte de Genève et du lac Léman, 1929 (Wikipédia)

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